3 janvier 2013 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration de M. François Hollande, Président de la République, sur les objectifs du gouvernement pour l'année 2013, à Paris le 3 janvier 2013.

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,
A mon tour, je madresse à vous, ainsi quà votre gouvernement, pour vous présenter mes vux les plus chaleureux pour lannée qui commence.
Nous respectons là un usage. Une sorte de civilité républicaine. Nous partageons aussi un moment de cordialité. Jy attache du prix.
Lexemple vient toujours den haut. Cela vaut pour le train de vie de lEtat. Cest également vrai pour les rapports humains. Un gouvernement, ce nest pas une addition dindividualités, cest un ensemble qui a son identité, son image, sa personnalité. Et aussi son chef.
Cest ainsi que vous devez agir. En équipe. Cette exigence est dautant plus grande que la France affronte une situation particulièrement difficile : une croissance faible provoquée par la récession en Europe, un chômage élevé en progression continue depuis 2 ans, une fragilité industrielle, une cohésion nationale entamée par des années de crise.
Depuis sept mois, votre gouvernement a engagé une politique de redressement. Celle de nos comptes, comme de notre économie.
Nous avons sollicité un effort pour désendetter le pays. Faisant appel à des économies budgétaires et à des prélèvements supplémentaires. Cétait indispensable au risque dêtre sanctionné par des taux dintérêt prohibitifs. Cet effort est accompagné par des mesures de justice pour ne pas entamer le pouvoir dachat dune grande majorité de nos concitoyens. Mais nous nen navons pas terminé avec le rétablissement de nos comptes. Raison de plus pour être sélectif et économe dans les dépenses.
Le gouvernement a parallèlement décidé dun Pacte de compétitivité. Il donne aux entreprises des marges pour embaucher, investir, exporter. Cétait nécessaire au risque du déclassement. Il prendra du temps pour faire connaître ses effets. Raison de plus pour hâter sa mise en uvre.
2013, cest lannée où nous devons réussir le redressement pour permettre aux Français den récolter les fruits.
Les vux que jexprime pour le travail de votre gouvernement sont donc autant dobjectifs que je fixe pour notre pays.
- Le premier, cest linversion de la courbe du chômage dici la fin de lannée. Cest une bataille que nous engageons pour la gagner. Non pas pour nous-même, mais pour les demandeurs demploi, notamment les plus jeunes, qui sangoissent pour leur avenir. Je vous demande dutiliser tous les outils introduits par le gouvernement et votés par le Parlement : je pense aux emplois davenir, contrats de génération, à lalternance, aux mécanismes dinsertion Mais aussi à lensemble des dispositions contenues dans le pacte de compétitivité.
Je demande à tous les membres du gouvernement de regarder, ministère par ministère, décision par décision, territoire par territoire, ce quil est possible, à votre niveau, dengager contre le chômage. Je procèderai moi-même à une évaluation de notre politique demploi tous les trimestres.
- Le second objectif, cest la préparation de lavenir. Le Premier ministre prépare une stratégie dinvestissements, publics comme privés pour dessiner la France de la prochaine décennie. Cest sur linvestissement, sa qualité, son ampleur, son intensité que se fera la différence dans un monde qui change rapidement. Ce programme concernera les domaines essentiels que sont lindustrie, lénergie, le logement, la santé, lenseignement supérieur, la Recherche et les nouvelles technologies. Nous pouvons y parvenir, car notre pays dispose dun atout majeur, à savoir une épargne abondante. Elle doit être orientée et affectée à ce que sera la croissance de demain. Ce sera le sens de laction de la BPI et de la Caisse des dépôts mais aussi de tous les fonds que nous pourrons lever dans cette perspective.
- Enfin le dernier vu que jadresse au gouvernement cest de mettre la jeunesse au cur de nos priorités. Cest lenjeu du projet de loi sur la refondation de lécole et des moyens que nous accordons à lEducation nationale. Mais je vous demande dintégrer la dimension jeunes dans toutes les politiques publiques, lemploi, la ville, la culture, la vie associative, la solidarité. Trop de jeunes vivent dans la précarité, voire dans la pauvreté. Dautres sortent du système scolaire prématurément. Le gouvernement devra tout faire pour quaucun ne puisse être sans solution entre 16 et 18 ans.
Nous navons pas choisi les circonstances que nous vivons. Elles sont exceptionnelles. Nous y faisons face. Elles requièrent des méthodes nouvelles pour laction publique : la rapidité, lanticipation, limagination. Ne perdez aucun temps dans vos choix et dans leur mise en uvre. Gardez toujours la cohérence de la politique que nous conduisons. Mobilisez vos administrations et vos fonctionnaires. Ils sont de puissants leviers au service de lEtat.
Il y a aussi le travail législatif. Il exige des textes point trop nombreux et préparés en amont avec le Parlement. Lequel doit être respecté pour le temps réservé aux débats et les améliorations auquel il contribue par voie damendements.
Enfin, il y a lexplication. Elle doit être menée pour que nos concitoyens suivent le fil de nos réformes et comprennent quelles sintègrent dans un projet densemble : le redressement dans la justice.
Une année dense nous attend. Jai la conviction que la politique de votre gouvernement portera ses fruits. Il y faudra de la patience. Mais jai confiance.
Le contexte mondial séclaircit. La zone euro su préserver son intégrité et a introduit enfin les mécanismes de stabilité qui lui manquait La France a des atouts remarquables (ses entrepreneurs, ses chercheurs, ses travailleurs, ses services publics, sa démographie). Nous somme le pays dEurope qui voit sa population le plus augmenter. La France a gagné 1, 4 millions dhabitants en 4 ans.
Lenjeu, cest de sortir de la crise plus vite et plus fort. Cest la mission que jassigne à votre gouvernement en 2013. Pour y parvenir, inspirez-vous des deux vertus essentielles :
- La ténacité. Cest-à-dire la constance. Alors faites votre devoir sans espérer dautre récompense que de voir les Français vivre mieux. Nayez quun souci, quune obsession, quun horizon : létat du pays à la fin du quinquennat. Cest ma démarche.
- La solidarité. La solidarité cest un état desprit. Cest aussi un comportement. Il peut y avoir des débats au sein du gouvernement. Mais une fois larbitrage du Premier ministre intervenu, sous mon autorité, il vous engage, sans restriction, sans exception et sans exclusive.
Au Premier Ministre, Jean-Marc Ayrault, dont je connais le sérieux, le dévouement et la loyauté, je réaffirme ma confiance.
Et à vous membres du gouvernement, je redis que cest une chance, un privilège que de servir son pays surtout dans une période aussi rude. Cest une mission exigeante et exaltante. Nayez pas dautre ambition que den être digne. Je vous en sais tous capables.