14 juin 2012 - Seul le prononcé fait foi

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Lettre de M. François Hollande, Président de la République, adressée à M. Felipe Calderon Hinojosa, Président des Etats-Unis mexicains, sur les priorités de la France pour le Sommet du G20, le 14 juin 2012.

Monsieur le Président,
Depuis quatre ans, le G20 sest affirmé comme le principal forum de coopération économique internationale. Dun sommet à lautre, il a contribué par son unité et son action à renforcer la confiance et à traiter les questions les plus urgentes. Aujourdhui, alors que léconomie mondiale traverse une nouvelle phase de doutes, les attentes sont fortes. Nous ne devons pas les décevoir.
À lapproche du Sommet du G20 que vous accueillerez les 18 et 19 juin à Los Cabos, je souhaite vous faire part de mes priorités.
Ma toute première priorité est que le sommet de Los Cabos soit le sommet de la croissance et de lemploi. Pour réduire les déséquilibres de léconomie mondiale, il faut des mesures concrètes à la fois de soutien à lactivité et dassainissement des comptes publics. Cest lobjectif du «plan daction pour la croissance et lemploi» que nous adopterons. Tous les membres du G20 - économies développées et économies émergentes - doivent prendre leurs engagements.
LEurope sait quelle doit être au rendez-vous. Depuis mon entrée en fonction, jai multiplié les contacts pour réorienter lagenda européen vers lobjectif dune croissance durable et responsable. Dix jours après le G20, le Conseil européen des 28 et 29 juin aura à prendre de nouvelles initiatives pour restaurer la confiance dans la zone euro et relancer la croissance dans 1Union européenne.
Laugmentation des ressources du Fonds monétaire international, décidée en avril dernier, est un résultat important de votre présidence du G20. Elle démontre notre capacité collective à répondre à toute nouvelle crise. À Los Cabos, il importe que cette augmentation soit précisée et confirmée. Nous devrons également nous engager à mettre en uvre cette année, conformément aux engagements pris en 2010, la réforme de la gouvernance du Fonds, qui a été ratifiée par la France, mais pas par lensemble du G20.
Ma deuxième priorité est que le G20 réaffirme à Los Cabos son engagement politique à poursuivre la réforme de la régulation du secteur financier. Chacun reconnaît aujourdhui que les excès de la finance sont en grande partie responsables de la crise que nous traversons. Dans ce domaine comme dans celui de la lutte contre les juridictions non-coopératives ou de la lutte contre la corruption, le G20 a déjà obtenu certains résultats, mais il faut dune part sassurer que les engagements pris sont mis en uvre partout, dautre part aller plus loin et plus vite.
Lobjectif est de garantir davantage de stabilité, avec une finance réellement au service de léconomie et de la croissance. De graves événements sont intervenus récemment sur les marchés financiers. Ils plaident pour accroître la supervision financière et mettre en uvre des standards prudentiels dans toutes les juridictions. Le Conseil de stabilité financière doit être le garant de ces règles. Il le sera dautant plus efficacement que sa gouvernance aura été rénovée.
Lattention portée à la transparence et au fonctionnement des marchés sapplique aussi aux marchés de lénergie et des matières premières. Limpulsion donnée par le G20 en la matière doit se poursuivre.
Ma troisième priorité pour Los Cabos porte sur la dimension sociale de la mondialisation. Ce sujet est au cur du G20. Permettez-moi de rappeler les quatre domaines daction que nous avons retenus lan dernier : la création demplois notamment demplois de qualité et demplois pour les jeunes £ la protection sociale £ le respect des principes et droits fondamentaux du travail, reconnus par de grandes conventions internationales £ et lindispensable cohérence à rechercher entre les politiques économiques et les politiques sociales.
Cette priorité est au service des citoyens et de la croissance. Je rends hommage à la présidence mexicaine pour avoir organisé une nouvelle réunion des ministres du Travail et de lEmploi. De mon point de vue, cette filière du G20 doit être pérennisée. De la même manière, les résultats des travaux du G20 sur lemploi plaident pour un prolongement de la taskforce instituée sur ce sujet. La crédibilité du G20 se joue également dans le dialogue régulier quil entretient avec les partenaires sociaux et les acteurs économiques. La réunion conjointe du Labor 20 (L20) et du Business 20 (B20) à Los Cabos en est une excellente illustration.
À Los Cabos, nous parlerons aussi du sujet essentiel du développement. Vous avez mon entier soutien pour les priorités que vous avez énoncées sur les infrastructures, la sécurité alimentaire et la croissance verte. Il sagit tout à la fois de leviers pour la croissance mondiale et de vecteurs pour la solidarité internationale, à laquelle la France est attachée depuis toujours.
Je souhaite que nous évoquions également le financement du développement et, plus particulièrement, les financements innovants, dans le cadre dun menu doptions comprenant le projet de taxe sur les transactions financières. Je suis de ceux qui croient profondément à la nécessité dinstaurer sans plus tarder une telle taxe pour répondre aux défis nés de la mondialisation. Le sommet de Cannes, lan dernier, a montré que plusieurs membres du G20 adhèrent à cette idée. Il est temps de franchir une étape pour faire de ce projet une réalité.
Alors que le G20 rassemble les plus grands pays développés et émergents, il me semble enfin que nous devons discuter dans cette enceinte de lélaboration de règles communes et dapplication réciproque, dans un monde chaque jour encore plus interdépendant. Cette discussion entre partenaires, certes parfois délicate, est indispensable si nous voulons développer le commerce international au service de la croissance, créer des conditions de concurrence plus équitables pour nos entreprises et construire un monde plus juste pour nos citoyens.
Je vous prie dagréer, Monsieur le Président, lassurance de ma très haute considération.