Le Président de la République Emmanuel Macron a accueilli Aleksandar Vučić, Président de la République de Serbie, au Palais de l’Elysée, ce lundi, à l’occasion de sa visite officielle en France.

Le Président de la République a réaffirmé, à cette occasion, son attachement et son plein soutien à l’intégration européenne de la Serbie. Il a souligné la détermination de la France à continuer d’accompagner les efforts et les réformes qui permettront à la Serbie d’avancer sur son chemin européen.

Il a rappelé également que la normalisation des relations avec le Kosovo fait partie intégrante du processus d’adhésion et a souligné l’importance de la pleine mise en œuvre des accords de Bruxelles-Ohrid, de l’établissement, par le Kosovo, de l’association des municipalités à majorité serbe.

Les deux présidents ont aussi évoqué le renforcement de la coopération bilatérale dans les domaines suivants : la défense, l’énergie, l’innovation et l’intelligence artificielle.

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8 avril 2024 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration conjointe du Président de la République et d'Aleksandar Vučić, Président de la République de Serbie.

Cher Aleksandar, messieurs les ministres, mesdames messieurs les Ambassadeurs, mesdames messieurs. 

Je suis très heureux, Monsieur le Président, mon cher Aleksandar, de vous accueillir dans le cadre de cette visite officielle en France. La régularité de nos contacts témoigne de la profondeur de nos liens comme de l'intensité de nos relations bilatérales. Elle marque toute l'importance que la France accorde à l'amitié entre nos deux pays, qui est empreinte de la mémoire de nos engagements communs, mais aussi de notre attachement à l’avenir européen de la Serbie, un avenir qui s’écrit dès maintenant. 

Le cœur et le moteur de notre partenariat est le soutien de la France à l'intégration européenne de la Serbie. Et votre visite à Paris aujourd'hui, Monsieur le Président, s'inscrit dans un moment de vérité pour l'Europe, alors que la guerre d'agression lancée par la Russie contre l'Ukraine est entrée dans sa troisième année, nous sommes entrés dans une ère nouvelle qui est aussi celle de la poursuite, en quelque sorte, de la réunification de notre Europe. Et l'intégration de la Serbie est dans notre intérêt commun, à cet égard, dans cette Europe. Ce n'est pas un processus imposé, c'est votre choix souverain. C'est le choix d'aller librement vers un modèle qui permet de mieux défendre ensemble notre souveraineté. Et j'ai la conviction que la Serbie a un rôle important à jouer pour renforcer l'autonomie stratégique de l'Union européenne. Vous le faites déjà aujourd'hui en participant en mission européenne de maintien de la paix. Et la Serbie le fera demain avec son potentiel dans les domaines de l'industrie, de l'innovation, de l'intelligence artificielle. Et je veux ici saluer les choix clairs que vous avez faits ces derniers mois et encore ces derniers jours dans le cadre géopolitique qui est le nôtre et au soutien de l'agenda européen qui est le nôtre. La Serbie ne doit pas douter, quelles que soient les blessures du passé récent, que son avenir est au sein de l'Union européenne et nulle part ailleurs. C'est un choix stratégique qu’il importe de réaffirmer et vous savez combien j'y suis attaché et je n'oublie pas le voyage effectué à vos côtés et aux côtés de votre peuple il y a maintenant trop d'années. Je compte donc bien revenir. Et pour moi, cette vocation européenne, je le dis, se puise dans un passé commun, dans des valeurs communes, se construit à l'aune des temps difficiles qui sont les nôtres et pour l'avenir. Et aucune vicissitude ne doit vous faire douter de ce chemin. Ce choix stratégique, vous êtes prêt à l'assumer et il nous faut donc avancer ensemble pour être au rendez-vous des engagements pris et ne rien rater de ce moment historique. Il est important que la Serbie continue de concrétiser ce choix, notamment par un plus grand alignement sur nos décisions de politique étrangère. Et je veux à cet égard, Monsieur le Président, saluer votre récente participation à la réunion de Tirana organisée par le Premier ministre Edi RAMA autour du président ZELENSKY. 

Ce choix, il faut aussi le conforter en poursuivant, en accélérant les réformes relatives au renforcement de l'État de droit, de l'indépendance de la justice, du pluralisme des médias et des autres points que vous connaissez et sur lesquels nous avons décidé de cheminer ensemble. Je tiens ici à redire que la normalisation des relations avec le Kosovo constitue une promesse et un gage pour la stabilité de la région et de notre continent. C'est tout le sens de l'accord dit de Bruxelles-Ohrid qui a été conclu il y a un peu plus d'un an. La France continuera de soutenir la médiation de l'Union européenne et de tout faire pour que les engagements pris soient tenus. Chacun doit faire sa part du chemin et je tiens à cet égard à saluer les gestes accomplis de part et d'autre, mais il faut aller maintenant plus loin. Je sais que vous y êtes prêts et vous l’avez réitéré lors de la dernière discussion que nous avons eue à Bruxelles, nous allons en reparler ce soir. 

Mais pour moi, ce chemin est essentiel. Il est essentiel en effet, d’une part, que les responsables de l’attaque de Banjska à l'automne dernier, soient traduits en justice et rendent des comptes et tout faire pour qu'un tel drame ne puisse se reproduire. Il faut d'autre part dépasser les tensions créées par des décisions prises récemment par le Kosovo sur les transferts financiers, surtout que les autorités kosovares progressent conformément aux engagements pris sur l'établissement de l'Association des municipalités à majorité serbe, en ligne aussi avec leur aspiration à adhérer au Conseil de l'Europe. Nous connaissons les termes de ces accords, le cheminement qu’ils imposent. Vous vous y êtes engagé et je veux ici saluer ce choix. 

Je serai vigilant aussi pour que les engagements pris par l’autorité de Pristina soient respectés, que les élections soient organisées rapidement au nord du Kosovo pour élire de nouveaux maires, avec une véritable légitimité démocratique, et que la mise en place des associations, en particulier l'Association des municipalités à majorité serbe que j'évoquais, soient enfin tenues. Je mesure la difficulté des compromis, mais ils permettront aux dirigeants qui ont le courage et la vision de les accepter, de percevoir les dividendes de la paix et de contribuer, ce faisant aussi, à la stabilité de toute la région. À cet égard, je tiens ici à redire notre attachement, que je sais que vous partagez, à l'unité de la Bosnie-Herzégovine. Le plan européen de croissance pour les Balkans occidentaux que nous venons d'adopter soutiendra ainsi tous les efforts de la région pour dépasser les conflits du passé et poursuivre les réformes internes et accroître la compétitivité de leurs économies. La Serbie peut aussi compter sur le soutien de l'Agence française de développement, qui a engagé l'an dernier 570 millions d'euros dans le pays et continuera d'être votre partenaire pour soutenir vos efforts de convergence avec les standards européens. 
Depuis mon déplacement à Belgrade en 2019, notre coopération n'a cessé de se renforcer conformément aux engagements pris et je vous remercie aussi de ce sens de la parole donnée et de l'engagement. Nos relations économiques ont pris un réel essor. Les entreprises françaises sont de plus en plus présentes dans votre pays. Elles y investissent car elles ont confiance dans l'avenir. Je crois que nous pouvons aller plus loin, notamment dans les domaines de l'environnement, des transports, de la défense, de l'intelligence artificielle, du nucléaire civil. Je me réjouis du dialogue fructueux que vous avez noué avec EDF, mais aussi avec plusieurs acteurs de la défense dans notre pays et des choix que vous êtes en train de forger et qui sont importants pour nous et qui sont un signe de confiance politique et en même temps de volonté d'étendre nos relations. 

Notre coopération culturelle, enfin, n'est pas en reste. La France était l'invitée du dernier Salon du livre à Belgrade et je tiens à saluer la vitalité de la francophonie en Serbie et à l'attention toute particulière que vous lui portez. Monsieur le Président, je vous remercie pour ces échanges réguliers, la vingtaine d'échanges bilatéraux que nous avons pu avoir dans différents formats, cette visite officielle que nous avons voulue plus solennelle que les précédentes. Mais derrière cela, du choix très profond qui est le vôtre dans un moment si difficile pour notre Europe, celui de notre continent, de cette construction politique si particulière qu’est l’Union européenne et derrière celle-ci et les institutions, et les dialogues politiques ou techniques de chaque jour, l’amitié entre nos deux pays qui fondent cet attachement. Et je veux que vous sachiez ici la confiance que j'ai dans votre pays, mais aussi en vous-même, comme dirigeant, dans les choix que vous avez faits ces dernières années et dans la constance avec laquelle je vous ai vu tenir les engagements que vous aviez pris à mon égard, et je veux vous en remercier. C'est donc avec confiance que j'aborde les temps qui viennent pour à la fois les équilibres de la région, mais aussi les choix si importants que nous aurons à faire pour l'architecture de paix et de sécurité pour notre Europe. Merci, Monsieur le Président, cher Aleksandar, d'être aujourd'hui à Paris. 

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