Le Président de la République Emmanuel Macron s'est rendu à bord du porte-avions Charles de Gaulle auprès des forces armées pour partager un repas de noël. 

Revoir le discours du Président : 

19 décembre 2022 - Seul le prononcé fait foi

Télécharger le .pdf

ADRESSE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE AUX FORCES ARMEES, A BORD DU PORTE-AVIONS CHARLES DE GAULLE.

Monsieur le ministre, 
Mon général, 
Amiral, 
Messieurs les officiers généraux, 
Officiers, officiers mariniers, sous-officiers, soldats, quartiers-maîtres, matelots, aviateurs,
Mesdames et Messieurs, 
Chers amis, 

Je suis très heureux de partager quelques heures à bord du Charles de Gaulle, unité qui nous est chère, en particulier pour mon chef d'état-major particulier qui y a laissé une partie de son cœur. Je viens ici vous témoigner l'attachement de la Nation à ces forces déployées en tout temps et en tous lieux. C'est pour moi le premier Noël dans les forces à la mer, mais je sais qu'il n'est pas rare pour des marins de passer les fêtes de fin d'année en mer ou sous la mer. 

J'étais avec quelques-uns d'entre vous quelques jours avant le début de cette mission à Toulon, en présentant la Revue nationale stratégique, et me voilà parmi vous aujourd'hui. Cette mission ANTARES est importante, vous le savez, pour de nombreuses raisons. Les missions accomplies, les zones de patrouille, les vols, ont renforcé la posture défensive et dissuasive de l'OTAN à l'Est de l'Europe, à proximité de l'Ukraine en guerre. Je pense en particulier aux vols de réassurance qui ont lieu dans l'espace aérien de pays du flanc ouest de l'Alliance, notamment l'espace aérien de la Roumanie ; et la composition même du groupe aéronaval avec le Forbin, l'Alsace, la Provence, la Marne, le Suffren, le détachement de patrouille maritime stationné à La Sude, mais aussi les destroyers américains Arleigh Burke et avant lui le Roosevelt, la frégate italienne Virginio Fasan, et il y a quelques temps, la frégate grecque Adrias. Oui, la composition multinationale du groupe aéronaval a permis de montrer que nous sommes des alliés résolus, fiables, démontrant un haut niveau d'intégration et d'interopérabilité. 

Votre participation aux opérations de lutte contre le terrorisme au-dessus de la Syrie rappelle aussi au monde que notre résolution et notre capacité à combattre ce fléau en coalition restent intacts, dans ce contexte. Elle a aussi permis de montrer aux compétiteurs présents dans la région qu’il faut compter avec la France.  Et je vous félicite à ce sujet pour le professionnalisme dont vous avez su faire preuve lors des différentes interactions avec les aéronefs et les bâtiments russes aux comportements quelquefois inamicaux. 

Le déploiement du groupe aéronaval en mer Rouge et en Océan indien jusqu'en Inde sera aussi l'illustration de notre capacité à peser dans nos zones d'intérêts stratégiques. Là encore, nos alliés seront à nos côtés, mais avec toujours, et j’y tiens, notre autonomie d'appréciation et en maîtrisant nous-même toute escalade. 

Tout cela, c'est vous. Les hommes et les femmes des équipages de la marine avec vos camarades des armées de terre, de l'air et de l'espace et des services qui le rendaient possible. Je suis donc venu partager un peu de temps avec vous. D'abord parce que je suis heureux et fier d'être parmi vous, et aussi pour saluer votre engagement. 

Vous tous, ici, du chien jaune au « battle watch captain », du pilote de Hawkeye à l'atomicien, du PC de force navale à la souillarde, dans toute la diversité de vos missions que j'avais déjà eu l'honneur, il y a quelques années, de partager pendant plusieurs heures. Quelles que soient, donc vos missions, vos attributions, vos fonctions, vous êtes des Françaises et des Français extraordinaires. Et je pourrais en dire autant pour vos sœurs et vos frères d'armes en Afrique, à la base H5 en Jordanie, ou pour celles et ceux qui sont engagés dans le cadre de la FINUL au Liban, ainsi que de tous les hommes et toutes les femmes déployés à cette heure et dans les semaines qui viennent, au tournant de l'année en France métropolitaine, en Outre-mer, mais aussi partout dans le monde, jusque dans le Pacifique, tant il est vrai que, grâce aux armées, en général, et à la marine en particulier, la France est présente sur tous les continents. 

Car enfin, ce n'est pas ordinaire, cet engagement qui vous conduit à affronter délibérément le risque, à accepter les absences, la distance avec les vôtres, un rapport particulier à l'existence qui, en mission, ne permet pas de distinguer le temps de travail et le temps personnel. Vous acceptez ces devoirs parce que vous avez le sens de la mission, parce que vous avez aussi le sens des sacrifices. Ce principe de disponibilité, vous le vivez au quotidien, vous l'imposez à vos proches, et ce choix de vie unique justifie votre statut à part, sur lequel je veille avec attention. Je peux vous le dire, j'ai en permanence à l'esprit nos militaires morts, nos blessés, leurs familles. Et j'ai été heureux de recevoir quelques-uns de leurs enfants, de leurs proches, il y a encore quelques jours à l'Elysée, pour les fêtes de fin d'année. 

Mais votre engagement ne serait pas complet s'il ne s'alliait aussi à l'excellence. Issus de tous les horizons de la société française, vous êtes individuellement et collectivement parmi les meilleurs au monde dans la maîtrise de cet art complexe mais nécessaire qu'est la mise en œuvre d'une aviation de combat en mer et à partir de la mer, et j'en suis fier. Dans nos écoles militaires, on ne fait pas que vous transmettre des savoirs intellectuels, académiques, on vous donne aussi les moyens de maîtriser les gestes professionnels, et on vous fournit les clés d'un comportement adapté pour remplir vos missions. Ce triptyque est d'une puissance inouïe. Le marin formé dans les écoles vient s’affûter, s'accorder au groupe, au secteur, au service, à la compagnie, à l'équipage, par l'entraînement constant et par la vie collective. Et c'est cela qui vous tient et vous rend si forts. 

Le collectif, l’'esprit d'équipage font que, sur un bateau, les talents ne s'additionnent pas. En réalité, ils se multiplient. Un peu comme le groupe aéronaval qui regroupe et démultiplie les capacités militaires, l'équipage, c’est un amplificateur et un intensificateur de compétences. En cette période de fin d'année, l'esprit d'équipage prend une dimension singulière qui ne se décrit pas. Mais que vous vivez, je le sais, intensément et je vous remercie de me permettre d'y être associé le temps de ces heures précieuses avec vous. 

Votre engagement, votre excellence, votre sens du collectif, vous en faites aussi bénéficier la Nation. Évidemment, parce qu'une grande part du récit national, de notre mémoire commune, est marquée par notre histoire militaire, mais surtout parce que l'expérience militaire vous conduit à développer non seulement des expertises, mais aussi des qualités de comportement, de savoir-être précieux. C'est aussi pour cela que les entreprises sont heureuses de recruter d'anciens militaires qui quittent l'uniforme. C'est aussi pour cela que je sais pouvoir compter sur les militaires et sur les anciens militaires pour faire face au défi de renforcer les forces morales de la Nation, en particulier de la jeunesse. Je l'ai évoqué le 13 juillet dernier, mais cette force morale est sans doute le plus important de tout. J'aurais à cet égard l'occasion de m'exprimer sur notre grand projet de service national universel au début de l'année prochaine. 

J'ai parlé de votre place à part, de votre statut unique depuis plus de cinq ans. J'ai veillé à ce que votre statut ne soit pas banalisé. J'ai aussi veillé à ce que la condition des militaires soit l'objet d'une attention particulière, avec une loi de programmation militaire à hauteur d'homme et des mesures concrètes. C'est pour cela que j'ai voulu, ces dernières années, la remise à plat de votre dispositif indemnitaire et nous verrons en 2023 la fin du déploiement du grand chantier de la nouvelle politique de rémunération des militaires, une première depuis de nombreuses décennies. De même, sous l'autorité du ministre, le plan famille, déployé sous mon premier mandat, va connaître un nouveau développement dans les mois et les années qui viennent. 

Avec ses contraintes, ses obligations aussi, ses avantages, la condition militaire est une réalité vivante au fil du temps, de l'évolution des militaires comme de la société, elle s'ajuste. C'est un processus d'adaptation perpétuel qui permet de conserver l'équilibre entre sujétion et compensation dans le contexte de la société française d'aujourd'hui et à cet égard bien sûr, les militaires ne pourront pas rester à part des chantiers qui sont lancés. Mais je veillerai à ce que les principes fondamentaux qui régissent les pensions militaires soient préservés. Pour moi, il ne s'agit ni de privilège, ni même de réparation. C'est l'investissement que la Nation consent et qu'elle estime nécessaire pour que ces militaires accèdent au légitime épanouissement personnel et professionnel, comme tout citoyen, tout en assurant la défense du pays. Ces deux objectifs doivent être parfaitement compatibles. J'y veille et j'y veillerai. 

Il est aussi logique que la Nation vous donne les moyens d'exécuter vos missions. C'est pourquoi notre pays se dote de matériels de pointe pour répondre aux enjeux, pour faire face aux risques, pour servir nos ambitions, pour nous protéger. Et le contexte international nous incite aussi, nous le savons tous ici, à nous remettre en question sans hésitation pour nous assurer que nos choix sont toujours pertinents, en vous confiant les meilleurs équipements et en disposant de ces derniers en nombre suffisant, en continuant d'innover, de nous améliorer. C'est un objectif de nos travaux de programmation. 

Aussi après le chantier de Revue national stratégique dont j'ai présenté les conclusions à Toulon le 9 novembre dernier, le travail se poursuit pour désormais, traduire en termes capacitaires et budgétaires cette analyse de la situation, notre engagement avec les mêmes principes qui nous ont toujours guidé et bâtir un projet de loi de programmation militaire qui pourra être soumis au Conseil des ministres au début de l'année prochaine. J'aurai l'occasion de m'exprimer sur ce sujet moi-même à Mont-de-Marsan, lors de mon traditionnel déplacement dans les armées. 

Et pendant que d'autres conduisent ce chantier à Balard, Brienne, aux Invalides, à Bercy, naturellement à l'Elysée, vous, vous assurez ici la continuité de nos engagements opérationnels.  Cela fait maintenant un peu plus de cinq ans que j'ai l'honneur d'être à votre tête. J'ai, à chaque fois, mesuré votre engagement, ce sens de l'excellence, mais surtout cette force d'âme et ce sens du dépassement qui est le plus important de tout. Alors, en étant parmi vous aujourd'hui à bord du Charles de Gaulle, en étant à vos côtés aujourd'hui, comme je le serai demain, quelles que soient vos missions, je veux vous redire ma fierté et celle de toute la Nation. Je veux vous redire ma confiance, celle que j'ai en vos chefs, mon général, et en vous toutes et tous. Vous êtes les premiers porteurs de cette force d'âme. Je sais les sacrifices et je sais le courage. Pour tout cela, je vous félicite et je vous remercie. Ensemble, nous continuerons d'avancer et je sais que cette mission continuera de vous porter dans les semaines à venir, alors bravo, merci et continuez. 

Vive la République, Vive la France ! 

Le déplacement en images : 

À consulter également

Voir tous les articles et dossiers