Le Président de la République s'est entretenu avec le Président du Conseil des ministres de Pologne, Mateusz MORAWIECKI, ce lundi 29 août 2022 au Palais de l’Elysée.

Ils ont évoqué la guerre menée par la Russie et le soutien continu de l’Union européenne à l’Ukraine sur les plans militaire, économique et humanitaire, et sont revenus sur les conséquences du conflit en matière de sécurité alimentaire mondiale et sur les actions européennes pour y répondre. 

Ils ont ensuite échangé sur les enjeux de la souveraineté européenne en matière de défense et de sécurité, ainsi que sur notre coopération en la matière pour la pleine sécurisation du flanc oriental de l’Europe. Leur entretien a également porté sur les enjeux relatifs à l’indépendance énergétique de l’Union européenne, dans la ligne de l'agenda de Versailles.
 

Revoir la déclaration conjointe :

29 août 2022 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration du Président de la République

Bonjour Mesdames, Messieurs. 

Je veux remercier Monsieur le Premier ministre, cher Mateusz, d’être à Paris aujourd’hui, une fois encore, et je suis très heureux que nous puissions nous voir avant que vous puissiez rejoindre nombre d’entreprises françaises et aussi donner la vision pour votre pays et en particulier nos coopérations économiques. 

En effet, le contexte nous a conduit plus encore que ces dernières années à travailler ensemble et c’est pourquoi je veux aussi remercier Monsieur le Premier ministre pour sa présence. Nos échanges de ce jour porteront bien évidemment sur la guerre en Ukraine et sur notre détermination commune à soutenir l'Ukraine pleinement, aussi longtemps que cela sera nécessaire. Je veux ici saluer votre rôle, le rôle de votre pays dans le cadre de cette guerre, en particulier la générosité du peuple polonais. Vous qui avez été à l'avant-poste du soutien aux Ukrainiennes et aux Ukrainiens, en accueillant en très grand nombre sur votre sol ces ressortissants. C'est un esprit de solidarité qui vous honore. La France entend de même continuer à jouer tout son rôle dans ce contexte et nous aurons l'occasion d'en discuter dans un instant. 

Dans l'immédiat, la situation autour de la centrale de Zaporijia est évidemment ce qui nous préoccupe le plus. Nous avons tout fait ces derniers jours pour aider à l'organisation de la mission de l’AIEA. J'ai encore eu hier au téléphone Monsieur GROSSI avant qu'il ne parte ce matin tôt en Ukraine, et nous avons une préoccupation commune. 
La première : la sûreté et la sécurité nucléaires ne sauraient être fragilisées par cette guerre. Cette mission est donc importante, elle doit préserver cette centrale ainsi que la sécurité et la sûreté de toute la région. 
La deuxième, c'est que la souveraineté ukrainienne sur cette centrale ne doit pas être contestée. Le nucléaire ne doit pas être un objet de la guerre et il est important de défendre là aussi la souveraineté ukrainienne sur cette centrale. Vous l'avez compris, nous continuerons d'échanger et d'œuvrer ensemble. 

Nous évoquerons également les conséquences de ce conflit. Nous sommes unis pour écarter toute menace militaire sur le flanc est de l’Union européenne et de l’OTAN. C’est d’ailleurs dans cet esprit que la France a augmenté sa présence militaire, et je souhaite que nous puissions poursuivre dans ce cadre nos coopérations. 

Nous évoquerons évidemment aussi les questions énergétiques qui sont pour une large partie la conséquence de cette guerre, l’inflation et les prix de l’énergie, notre sécurité d’approvisionnement en gaz mais aussi les prix de l'électricité. Nous partageons, je veux le dire ici, une vision commune, celle d’abord d’une souveraineté accrue pour notre Europe, nous l’avons évoquée au sommet de Versailles en mars. Nous avons décidé d'agir avec ambition pour notre souveraineté énergétique et la Pologne et France se sont battues depuis plusieurs mois pour renforcer cette souveraineté énergétique, et pour réformer en profondeur le marché de l'électricité. Je souhaite que nous puissions aller au bout de cette dynamique et avoir un marché de l'électricité qui soit protégé des éléments de spéculation avec une formation du prix rénovée car nos pays, aujourd'hui, sont victimes d'une formule de prix, d'hypothèses de base de fonctionnement de marché qui ne correspondent plus à la réalité. Je souhaite que nous puissions avancer très vite. Nous avions demandé, déjà, il y a plusieurs mois de le faire, et les prochaines semaines seront critiques à cet égard. 

Nous allons également travailler ensemble sur les sujets de crise alimentaire mondiale causée par l'agression russe, avec le travail à court terme fait pour trouver des voies de solidarité et pour sortir les céréales d'Ukraine, mais plus largement pour trouver les voies et moyens de répondre à ce sujet. Au-delà de ces sujets si importants, vous le savez, ô combien, sur lesquels nous allons œuvrer ensemble, il y a aussi la formation de notre Europe. Nous avons des visions, elles sont parfois différentes, elles se retrouvent aussi, elles ont des convergences.  

Nous parlerons aussi de notre vision de l'Europe pour les prochaines années, l'élargissement et les ouvertures, la reconnaissance du statut de candidat à l'adhésion pour l'Ukraine et la Moldavie, la proposition que la France a faite de communauté politique européenne, et nous aurons la première réunion à Prague dans les prochaines semaines, et je continuerai de défendre cette idée qui me paraît importante pour qu'il y ait une convergence politique et géopolitique au-delà même de l'Union européenne ou de celles et ceux qui ont vocation à être candidats. 

Puis, nous avons beaucoup de sujets bilatéraux sur lesquels nous souhaitons pouvoir avancer. Nous aurons l'occasion d'échanger sur les enjeux de décarbonation de notre production d'électricité. La France et la Pologne travaillent très étroitement en la matière, et je suis persuadé que nous pouvons encore approfondir notre coopération. Des sujets aussi de coopération, là aussi, économiques, technologiques, sur lesquels je souhaite que nous puissions avancer très fortement, et beaucoup d'autres. Je ne suis pas exhaustif parce que je ne veux pas être trop long, mais c'est avec confiance, volonté d'être efficaces que nous nous retrouvons ce matin avec Monsieur le Premier ministre, cher Mateusz. Et je voudrais terminer, Monsieur le Premier ministre, en vous adressant mes remerciements sincères, pour la grande contribution de la Pologne dans la lutte contre les feux de forêt que la France a eu à subir cet été. La Pologne a participé dès le début à cette solidarité européenne, en nous aidant en termes de sécurité civile, et je tenais à vous en remercier très solennellement aujourd'hui puisque nous avons la chance de vous avoir à Paris. Merci beaucoup.

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