21 février 2018 - Seul le prononcé fait foi

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Transcription de la Conférence de presse du Président de la République, Emmanuel Macron, avec George Weah, Président de la République du Liberia

SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI.

 

Paris, Palais de l'Élysée – Jeudi 21 février 2018

 

Mesdames et Messieurs,

Monsieur le Président, Cher George WEAH,

Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais, avant toute chose, commencer cette conférence de presse en vous disant notre émotion et nos condoléances à l’égard des familles de nos deux militaires du 1er Régiment de Spahis de Valence, tués ce matin au Mali, dans l’attaque à l’engin explosif improvisé de leur véhicule blindé.

Nous avons en effet, ce matin, perdu deux soldats dans le conflit que nous menons au Sahel. Ces pertes viennent après les pertes très lourdes - plusieurs dizaines de terroristes - que nous avons infligées aux groupes terroristes ces derniers jours.

Je veux ici témoigner, à la fois aux familles et à leurs camarades, le plein soutien de la Nation, nos condoléances les plus vives.

Monsieur le Président, Cher George WEAH,

Je voulais vous remercier d’avoir été présent à Paris non seulement aujourd’hui mais ces jours-ci puisque c’est plusieurs journées que vous passez à nos côtés et d’avoir choisi la France pour effectuer votre première visite hors du continent africain depuis votre prise de fonction.

Ce n’est pas un hasard et je dois dire que pour beaucoup de Françaises et de Français ce fut une surprise non pas que vous gagniez les élections mais de découvrir que vous n’étiez pas Français tant le lien est fort avec la France et tant eux qui vous ont vu il y a un peu plus de 20 ans lorsque vous avez emporté le Ballon d’or et pendant plusieurs années officié dans les clubs français, beaucoup de Françaises et de Français pensaient que vous étiez un de nos concitoyens.

Plus sérieusement, j’ai eu l’occasion de féliciter à nouveau le président WEAH pour son élection qui ouvre une nouvelle ère pour le Libéria. Je sais que les attentes de la population et tout particulièrement de la jeunesse sont fortes, que vous prenez la tête d’un pays qui a vécu plusieurs traumatismes, la guerre, les divisions, les épidémies, mais où une jeunesse attend beaucoup de vous et je voulais vous dire que la France se tiendra à vos côtés.

Notre relation bilatérale s’appuie aujourd’hui sur le dynamisme de grandes entreprises françaises et je souhaite que nos échanges économiques puissent s’intensifier. L’événement organisé ce matin en votre présence au MEDEF International avait pour objectif de sensibiliser les entreprises françaises aux opportunités souvent méconnues qu’offre votre pays et je sais que cette rencontre a été un succès. Mais, il faut bien le dire, jusqu’à présent nous ne faisions pas beaucoup au Libéria compte tenu de la stratégie qui pendant plusieurs décennies a été retenue par la France dans la région. C’est dans cette optique que nous avons souhaité changer les choses et que suite à votre élection nous avons d’abord souhaité inscrire le Libéria sur la liste des pays prioritaires de notre aide au développement. Ce fut fait le 8 février dernier, ce qui ouvre à l’Agence française de développement de nouvelles perspectives.

Nous allons ainsi suite aux travaux en commun qui ont été lancés investir dans la formation et l’emploi des jeunes, la transformation au Libéria même de ses matières premières notamment de son potentiel agricole et nous appuierons ces chantiers prometteurs ainsi que l’investissement dans les infrastructures de transport puisque c’est un plan de construction des routes ambitieux que vous voulez aussi effectuer qui est indispensable pour désenclaver plusieurs régions et aider au développement du pays.

Nous vous appuierons donc dans un premier temps en restaurant des instruments qui étaient jusqu’alors abandonnés en particulier au Liberia et en prévoyant un don de 10 millions d’euros visant à soutenir ces initiatives. Nous allons enclencher avec l’ensemble de nos partenaires européens un travail permettant de rassembler des financements qui vous permettront justement de faire face à ces défis. Pour nous rapprocher plus étroitement, la relance de l'enseignement du français sera aussi un axe prioritaire de notre action, vous en êtes un témoin vivant, la francophonie a sa place aussi au Liberia, c'est un vecteur d'intégration régionale, de développement économique et je souhaite que nous puissions là aussi faire davantage ensemble avec un programme de bourses destinées aux formateurs.

Mais, Monsieur le Président, je l'évoquais, vous avez fait du soutien à la jeunesse une de vos grandes priorités. C'est évidemment le développement économique, le développement des infrastructures mais tout ça en quelque sorte met sur votre épaule une grande responsabilité et il nous faut aussi inventer des voies et moyens d'actions nouvelles, c'est ce dont nous avons longuement parlé durant notre déjeuner de travail. Vous vous êtes hier vous-même exprimé devant la jeunesse française au Conservatoire national des arts et métiers sur des projets communs.

L’un des axes que j'avais proposé à Ouagadougou lors de mon discours au Burkina Faso à la fin de l'année dernière, c'était justement que la France fasse du sport un vecteur fort et dynamique de développement pour l'Afrique. Je sais bien qu’en France il y a beaucoup de gens qui pensent que c'est anecdotique, j'écoute comme chacun les commentaires parce que, vous savez, nous on sait toujours mieux que les autres ce qui est bon et donc le sport c'est sympathique, c'est pour regarder « Téléfoot », lire France Football, ce qui est très important et beaucoup ici le savent, nous deux en l'espèce, mais les gens disent « ça ne sert à rien le sport, ce n'est pas ça qui va aider le Liberia ».

Je dois dire que tous ceux qui ont la condescendance de penser cela auraient dû assister au déjeuner non pas pour écouter moi, ça n'avait pas plus d'intérêt que cela sur ce sujet, mais le président, plusieurs des ministres qui se sont exprimés ou des sportifs et ils auraient vu les expériences de vie qui ont été rapportées. Quand il y a une jeunesse qui est là et qu'il faut désarmer, ce qui a été fait dans votre pays, c’est le sport et en particulier le football qui ont permis de le faire. Quand il y a une jeunesse dont les parents n'ont parfois pas eu de perspective et qui ont été bousculés par les épidémies ou la guerre, apporter des ballons de football, développer par le sport, le football, le basket-ball, la course, ce sont des secteurs à la fois de reconquête parce que c'est la possibilité de trouver un rôle dans la société, c'est une forme de sociabilité, c'est la fin de l'hostilité dans une société qui parfois s'est habituée à cela, c'est la possibilité de construire un statut, c'est la possibilité d'avoir des vrais héros de chez soi et de reconstruire de la dignité, du progrès, de la sociabilité. C'est la possibilité de développer des secteurs économiques et donc de l'émancipation par l'entreprenariat, nous avions avec nous plusieurs entrepreneurs africains qui nous l’ont pleinement expliqué.

Donc, même s’il y en a beaucoup qui doutent, parce que je vous ai entendu, que j'ai entendu vos ministres, plusieurs de vos athlètes, je vais vous dire, on va le faire et nous allons le faire ensemble. Et ce que nous avons donc décidé c'est parce que le sport est à la confluence de la paix, de l'émancipation par l'école, de la possibilité d'avoir de nouveaux leviers de développement personnels et économiques, nous avons lancé aujourd'hui une plateforme de transformation par le sport que nous allons ensemble décliner sur le continent africain. La FIFA était présente avec nous, la NBA également, plusieurs fondations montées par des athlètes ou d'anciens athlètes, hommes, femmes, dans tous les sports, plusieurs acteurs économiques étaient là aussi, ils vont s'impliquer, nous allons continuer à élargir cette plateforme qui sera évidemment pleinement pilotée par l'Agence française de développement avec l'implication de la Banque mondiale. L’objectif est qu’on ait le maximum d'Etats qui viennent s'associer à celle-ci mais surtout que nous puissions dans les prochains mois décliner des projets très concrets.

Donc, le président WEAH va ainsi proposer des projets de création d'infrastructures, d'équipements, d'accessoires nécessaires, des projets de développement sportif et scolaire et nous allons au travers de cette plateforme aider le Liberia, participer à celle-ci et incuber des projets, les financer. J'ai confié ainsi à cet égard à l'Agence française de développement une initiative visant à la création de cette plateforme dédiée à l'Afrique d'incubations, de financements et de partenariats pour un sport inclusif.

Cette facilité fera l'objet elle aussi de financements, nous avons ciblé à ce stade 15 millions d'euros mais elle mobilisera également les financements des organisations internationales dédiées, la FIFA met beaucoup d'argent sur de nombreuses initiatives en Afrique, la Fédération française de football elle-même le fait, la NBA a plusieurs projets, nous allons donc ainsi développer cette plateforme inclusive pour avoir des actions très concrètes et je veux que dès le trimestre à venir nous ayons la première liste et dès 2018 nous ayons développé les premiers projets.

Mon ambition est aussi que la France puisse présenter à horizon 2024 au moment où elle accueillera les Jeux olympiques et paralympiques à Paris une palette de projets qui justement s'appuiera sur différentes disciplines sportives qui auront contribué à ce développement. En amont de cela il y aura ce grand moment pour la jeunesse africaine entre maintenant et 2024 que nous devons aussi utiliser comme un levier et comme un élément de relais dans cette perspective.

Voilà ce que je voulais dire aujourd'hui au-delà de la relation bilatérale que nous sommes en train de raviver, de l'engagement que nous venons de prendre pour ce qui concerne nos financements bilatéraux, notre accompagnement, de l'engagement qui sera le nôtre en matière économique, d'enseignement supérieur, de développement des infrastructures, ce que nous avons lancé ensemble compte tenu du parcours et de l’aura du président WEAH, c'est cette plateforme nouvelle dans laquelle je crois beaucoup parce qu'elle est l'un des éléments de l'émancipation du continent africain pleine et entière et elle est l'un des éléments qui j'espère permettra la pleine réussite, Monsieur le Président, de votre stratégie et de la confiance que la jeunesse du Liberia en particulier a mis en vous.

Voilà, Mesdames et Messieurs, Monsieur le Président, ce que je tenais à dire en vous redisant combien nous étions heureux de vous accueillir avec votre épouse, plusieurs membres éminents de votre gouvernement et au président de chambre ici à Paris aujourd'hui, merci beaucoup.

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