15 mai 1965 - Seul le prononcé fait foi
Discours prononcé par le général de Gaulle, président de la République, à l’occasion de l’inauguration de la Maison de la Culture de Bourges (Cher).
Sous l’impression profonde des paroles que vient de prononcer André Malraux, qui est un des hommes depuis tous les temps qui est le plus qualifié sans doute pour réunir, pour faire un ensemble de ce que sont les diverses branches de la culture, sous cette impression, je veux dire bien simplement combien je me félicite d’être venu constater la réussite que représente cette maison. Elle a été faite, je le sais, je le vois, grâce à des initiatives autant que grâce à des volontés et grâce à des certitudes. Je les ai vues à l’échelon national, à l’échelon de la ville et aussi à l’échelon de toutes nos provinces, qui commencent, à l’exemple de cette maison, à vouloir en posséder autant.
La culture, dans notre monde moderne, ce n’est pas seulement un refuge et une consolation au milieu d’un temps qui est essentiellement mécanique, matérialiste et précipité. C’est aussi la condition de notre civilisation, parce que, si moderne qu’elle puisse être, et plus moderne encore qu’elle doive être, c’est toujours l’esprit qui la commandera. L’esprit, c’est-à-dire la pensée, le sentiment, la recherche et les contacts entre les hommes. C’est pourquoi, encore une fois, la culture domine tout. Elle est la condition sine que non de notre civilisation d’aujourd’hui, comme elle le fut des civilisations qui ont précédé celle-là.
Et je me félicite encore une fois d’être venu parmi vous. J’en emporterai d’abord au point de vue général le sentiment d’une création et l’évidence d’une innovation, par conséquent quelque chose d’émouvant et d’encourageant en particulier.
Bien entendu, j’ai retiré aussi quelques conclusions pratiques sur ce qu’il y a lieu que l’État continue de faire pour la culture française en général et pour cette maison de la Culture en particulier. Nous devons en créer d’autres. Un certain nombre était prévu par le IVe Plan, d’autres le seront par notre Ve Plan. Il faut faire aussi, sans doute, un centre national de diffusion culturelle, pour que tout ce dont nous disposons puisse se répandre et être connu par le plus grand nombre d’hommes et de femmes de chez nous. Il faudra aussi un centre de formation de nos animateurs de plus en plus complet et de plus en plus efficace. Et cela, je suis convaincu que le ministre d’État chargé des Affaires culturelles est l’homme le plus qualifié pour le faire, comme j’ai dit tout à l’heure qu’il était le plus qualifié pour comprendre, pour vouloir et pour faire connaître ce qui est l’esprit humain.
Je vous remercie.