Près de 500 sapeurs-pompiers sont intervenus au péril de leur vie pour éteindre l'incendie de Notre-Dame de Paris. Engagés 7 heures durant, dans une opération d'une extrême complexité, ces femmes et ces hommes ont fait preuve d'un courage et d'une détermination exemplaires. Des moyens exceptionnels ont été mis en oeuvre. Leurs camarades policiers, agents du ministère de la Culture, de la Mairie de Paris, de la sécurité civile, de la Croix-Rouge, étaient eux-aussi engagés à leurs côtés notamment pour évacuer la cathédrale, et mettre les oeuvres à l'abri.

Le Président de la République a tenu à recevoir ces héros, ces sapeurs-pompiers et l'ensemble des forces qui sont intervenues à Notre-Dame de Paris, le 18 avril 2019. Retrouvez les mots qu'il a prononcés pour les remercier :

18 avril 2019 - Seul le prononcé fait foi

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Discours du Président de la République - Réception en l’honneur des sapeurs-pompiers et de l'ensemble des forces qui sont intervenues à Notre-Dame de Paris

Monsieur le Premier ministre, mesdames messieurs les ministres, madame la maire de Paris, monseigneur, monsieur le préfet de police, monsieur chef d’état-major de l’armée de terre, monsieur le gouverneur militaire de Paris, mon général, mesdames messieurs les élus, mesdames messieurs les représentants des associations de sécurité civile, officiers, sous-officiers, gradés et sapeurs, mesdames et messieurs.

Je suis extrêmement heureux de vous recevoir aujourd’hui dans cette maison, très heureux et très fier.

Permettez-moi d’abord d’avoir un mot pour vous, Monseigneur et pour l’ensemble des catholiques de Paris et de France. Ce que nous avons vécu en ce début de semaine et en ce début de semaine sainte a frappé tout le pays mais bien entendu vous au premier chef. Et avec beaucoup de courage et de dignité vous avez traversé ces moments, nous étions à vos côtés pour accompagner un peu et nous continuerons de l’être. Mais alors même que l’ensemble des catholiques de France comme du reste du monde traverse des jours importants, je veux vous dire combien nous resterons à vos côtés. J’ai eu hier sa Sainteté le Pape au téléphone, je l'ai évidemment invité à venir. Il viendra en temps voulu. Mais il m'a dit combien aussi il était aux côtés de la France et de l'ensemble des catholiques.

Et je voulais aussi avoir un mot pour vous madame la maire de Paris parce que si Monseigneur vous m'y autorisez Notre-Dame de Paris c'est la cathédrale du peuple de Paris. Nous avons dans notre histoire des monuments ainsi fait, il y a la cathédrale des sacres, la cathédrale de l'Europe. Mais Notre-Dame de Paris c'est celle du peuple de Paris. De son imaginaire, de sa littérature et je sais combien les Parisiennes et les Parisiens ont été touchés, frappés. Et vous étiez là aussi toute cette nuit avec nous. Et nous continuerons aussi d'être là à vos côtés, aux côtés de la ville et de l'ensemble de ses citoyens. Mais toutes les Françaises et tous les Français durant ces heures et durant ces derniers jours ont été aussi à vos côtés.

Je voulais aujourd'hui très symboliquement et vite vous recevoir pour très simplement vous dire merci. Merci à vous militaires de la brigade de sapeurs-pompiers de Paris qui avez pris tous les risques pour éteindre l'incendie. Tous les risques et j'y reviendrai. Merci à vous sapeurs-pompiers venus de la grande couronne parisienne qui êtes venus prêter main forte, apporter tous les moyens spécialisés nécessaires à la Croix-Rouge, aux équipes de la sécurité civile qui sont venues en renfort. Merci à vous policiers qui avaient pour certains sauvés des œuvres, pour d'autres quadriller les lieux, évacuer les fidèles et les visiteurs et fait que cette opération de grande ampleur se déroule dans des conditions de sécurité aussi satisfaisantes qu'elles pouvaient l'être. Merci à l'ensemble des personnels de la préfecture de police mais aussi à tous les personnels de la ville de Paris, de Notre-Dame de Paris et à tous les personnels du ministère de la Culture qui avec dévouement, professionnalisme, en coordination parfaite avec les sapeurs-pompiers de Paris et l'ensemble des forces mobilisées ont dès les premières minutes mis à l'abri des œuvres et sauver ce qui pouvait l'être.

Au fond je voulais vous réunir dans cette maison avec le Premier ministre et les ministres qui nous accompagnaient ce soir-là pour vous dire ces remerciements et notre fierté extrême.

Personne n'oubliera les premières minutes. La France sidérée voit la flèche qui commence à prendre feu, qui s'écroule sur elle-même et tombe. Et dès ce moment-là, vous prenez les bonnes décisions ; laisser la part du feu, sauver ce qui peut l'être, mettre à l'abri les œuvres principales, sauver le Trésor et ces merveilles pour lesquelles notre tremblions déjà et cette part sera tenue grâce à votre réactivité, à ce choix parfaitement exécuté, le pire sera évité. Tout de suite vous décidez ce qui doit l'être, mobiliser le plus d'hommes possible, 500 seront mobilisés sur le site pour intervenir de l'extérieur et de l'intérieur rapidement, pour tenir les positions, éviter que le feu ne se propage trop vite et intervenir avec courage. Et vous décidez de tenir… de tenir. Je n'oublierai pas mon Général, les responsabilités que vous avez prises ce soir-là. Vous ne les avez pas prises seul, mais avec vos adjoints et avec vos hommes. Mais vous avez fait ce que tout grand militaire fait dans ces moments-là, apprécier le risque, le mesurer, en mesurer la part humaine, l'apprécier avec le commandement qui était aux avant-postes et décider. Ce que vous m'avez proposé à ce moment-là était le bon choix et vous l'avez fait à la tête des opérations, conscient du risque pris par chacune et chacun ici et vous l'avez bien fait. Nul ne savait à ce moment si les deux beffrois tiendraient. Beaucoup pensaient à ce moment que nous pouvions perdre. Et nous savions nous tous qui étions avec vous à la préfecture de police, dans ces moments-là, que le pire pouvait advenir, que la cathédrale ne s'effondre mais qu'avec elle nous puissions perdre l'un ou l'autre de vos hommes. Le risque a été pris parce qu'il avait été bien mesuré, le risque a été pris parce que l'opération a été bien menée. Certains diraient que la Providence malgré tout fut avec nous ce soir-là, d'autres diraient la chance. Je sais une chose il y a eu du courage, le vôtre mon Général de prendre cette décision et le vôtre mesdames et messieurs les sapeurs-pompiers de l'appliquer, de tenir et de gagner contre le feu, et vous l'avez fait. De cela nous sommes fiers et de cela je voulais vous dire merci aujourd'hui. Merci.

Vous l'avez fait et quelques heures plus tard, nous nous retrouvions avec le Premier ministre, les ministres, madame le maire de Paris, monsieur le Préfet de Police, Monseigneur et quelques autres et ce qui était à craindre était écarté. Vous aviez tenu, vous aviez gagné. Et je n'oublie pas alors même que tant d'églises en France sonnaient pensant à Notre-Dame ce qu'ensemble nous avons vu ce soir-là des premières lumières dans les deux beffrois. C'était vous qui passiez et qui inspectiez ainsi les tours et les coursives. Et je n'oublie pas l'émotion qui nous a traversé mesurant après coup tous les risques pris y compris sans doute, mon Général, ceux que vous n'aviez pas voulu nous dire.

J'ai mesuré votre fierté qui fut alors aussi la nôtre. Et en voyant vos présences à travers ces lumières qui passaient nous savions résolument tout ce que nous vous devions. Et c'est la beauté de cette brigade qui est la vôtre, c'est la beauté de tout ce qui s'est passé ce soir-là. Je l'ai dit de là où je suis c'est l'une des choses qui rend le plus fier. On attaque beaucoup l'État, la puissance publique, toutes celles et ceux qui font chaque jour. Mais dans ces moments où le feu est là, où la menace est la pire, l'État a cette force extraordinaire, d'un seul coup de s'organiser, quand je dis l’État, c'est la Nation toute entière et toutes celles et ceux qui ont à protéger, à faire, à agir. Mais nous avons vu sous nos yeux s'organiser de manière parfaite en quelques instants les bonnes décisions, les bons gestes, la responsabilité, le courage, la solidarité, l'organisation millimétrée qui a permis cela. C'est ce que nous devons être chaque jour et c'est au plus profond ce que nous avons à être. Mais vous en avez été l'exemple parfait, parfait ce soir-là. Vous avez eu à affronter ces derniers mois beaucoup de moments difficiles et ce sont ces moments aussi que je me remémore avec vous aujourd'hui. Les camarades tombés au feu. Les exploits extraordinaires qui ont aussi touché Paris ces derniers mois. Et les pires incendies. Je pense à tout cela aussi en vous accueillant aujourd'hui.

Et vous avez été ce lundi soir un merveilleux visage de notre pays. Vous nous avez permis dès lundi soir d’avoir cette première victoire et tout de suite de pouvoir ré-attaquer, affronter le lendemain et décider.

Dès lundi soir nous avons décidé que Notre-Dame serait reconstruite et depuis nous n'avons cessé avec le gouvernement, la Ville de Paris, l'archevêché et toutes les forces vives ainsi mobilisées d'organiser les choses pour que la reconstruction soit une réalité en actes – les décisions, la souscription – et une organisation que le général GEORGELIN que je remercie coordonnera avec la responsabilité qui lui a été confiée hier. Et avec au fond la même foi dans l'action et la même capacité à commander dans les meilleurs délais.

C'est pourquoi en vous accueillant aujourd'hui je voulais aussi vous dire que vous sera remise la médaille d'or pour acte de courage et de dévouement et que nous créerons pour la BSPP, une nouvelle fourragère d'or. La décision a été prise, elles vous seront remises et vous pourrez la porter en mémoire de cette nuit, en mémoire de ce qui a été fait en mémoire aussi de tous ces derniers combats. « Les grands périls ont cela de beau qu'ils mettent en lumière la fraternité des inconnus » écrivait Victor HUGO comme si ces mots avaient été écrits pour ce jour, avaient été écrits pour vous. Alors je veux vous dire aujourd'hui combien votre engagement total nous oblige, nous rend fier. Et je voulais vous dire aujourd'hui combien je m'assurerai personnellement que durant les mois et les années qui viennent la Nation toute entière puisse continuer d'être fière de ce qui a été fait ce soir-là et de ce que nous poursuivrons pour rebâtir, pour refaire, pour pouvoir ré-habiter dans tous les sens du terme ce lieu qui est le nôtre. Voilà mesdames et messieurs ce qu‘aujourd'hui sans attendre je voulais vous dire en vous remerciant chacune et chacun dans le rôle que vous avez joué ce soir-là parce que le pays mais au-delà du pays le monde tout entier nous a regardés. Et vous avez été exemplaires. Alors en voyant vos visages, je méditerai sur ces présences qui ont rassuré et sur les risques pris et je ne les oublierai pas et nous ne les oublierons pas à chaque fois.

Merci.

Vive la République et vive la France.

Le point sur les décisions après l'incendie de Notre-Dame :

Deux semaines après l'incendie de Notre-Dame de Paris.

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