19 juin 2017 - Seul le prononcé fait foi

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Déclaration conjointe du président de la République et du roi de Jordanie

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Messieurs les Ministres,

Mesdames, Messieurs,

Je voudrais avant tout remercier Sa Majesté le roi de Jordanie pour sa venue aujourd'hui et cette visite à Paris et lui dire combien je suis heureux de l'accueillir. Nous avons eu l'occasion à plusieurs reprises d'échanger sur plusieurs sujets régionaux et je suis heureux que ce soir, nous ayons pu - et nous allons poursuivre cette discussion - aborder plusieurs sujets d'intérêt communs.

Alors vous le savez, la France et la Jordanie sont liées par des liens d'amitié et de coopération étroits qui n'ont fait que se renforcer au cours des dernières années. Je dois dire que j'ai une relation toute particulière aussi avec votre pays puisque durant la campagne présidentielle, je m'étais rendu sur votre autorisation, sur la base militaire française dans la région, la base H5 et j'avais d'ailleurs aussi pu voir l'extrême qualité sur le terrain de cette coopération.

L'objet de cette visite amicale et de travail était donc d'aborder tous les sujets d'intérêt communs, nos relations bilatérales et l'ensemble des sujets régionaux. Nous partageons en effet une vision commune sur les défis auxquels le Moyen-Orient est aujourd'hui confronté, il était important que nous puissions dans le contexte actuel, avoir une discussion stratégique sur ces sujets.

Le premier sujet que nous avons évoqué, c'est évidemment la lutte contre le terrorisme et la radicalisation qui est un sujet de préoccupation partagé par nos deux pays et je veux d'ailleurs ici exprimer à Sa Majesté le Roi toute mon admiration pour la manière dont il a su préserver avec succès la Jordanie, dans un contexte régional difficile, malgré les pressions migratoires, malgré les risques de déstabilisation ; la Jordanie reste un môle de stabilité dans la région avec un discours de responsabilité que vous avez constamment tenu et que j'ai pu encore apprécier à l'instant et alors que des fractures nombreuses auraient pu toucher votre pays, vous avez su, au sein du monde arabe, toujours préserver le dialogue et l'exigence.

La Jordanie est en effet un membre important et efficace de la coalition internationale contre Daech – je l’évoquais à l'instant en mentionnant la base H5 de la France – et elle accueille une partie de notre dispositif militaire donc dans le cadre de l'opération Chamal. C'est pourquoi vous êtes un partenaire de premier plan pour notre pays dans ces opérations et je veux ici vous redire que l'engagement de la France aux côtés de la Jordanie restera entier dans notre lutte conjointe contre le fléau terroriste.

Nous avons d'ailleurs à ce titre évoqué longuement, et nous allons poursuivre, la crise en Syrie à laquelle la Jordanie qui partage une longue frontière commune évidemment avec la Syrie, est particulièrement intéressée. Non seulement vous accueillez aujourd'hui plusieurs centaines de milliers de réfugiés mais vous êtes aussi particulièrement exposés. Face à la poursuite des hostilités, nous partageons, je crois pouvoir le dire, le même sentiment d'urgence, la même volonté de construire les voies et moyens d'une stabilisation militaire dans tout le Sud de la Syrie, c'est-à-dire votre frontière commune et nous souhaitons pouvoir construire - et c'est l’initiative que j'ai demandée au ministre des Affaires étrangères depuis plusieurs semaines de conduire - nous souhaitons construire les voies et moyens d'une solution diplomatique et politique inclusive dans la région qui permette justement cette stabilité et cette sortie de crise.

J'ajoute que la France est donc fortement impliquée dans la région à travers l'action diplomatique que nous sommes en train de conduire, à travers le dialogue que nous avons restauré avec de nombreuses puissances de la région, la Russie aussi, l'Iran, la Turquie et tous les pays voisins mais nous sommes également présents eux aussi à travers le travail qui est conduit par l'Agence française de Développement tout le long de la frontière, en particulier en soutien avec la Jordanie, pour l'aider à faire face à l'accueil des réfugiés. Notre concours à cet égard est un concours en termes d’infrastructures et qui se poursuivra, je veux ici vous le redire.

Nous avons évoqué et nous allons continuer dans un instant également avec Sa Majesté, la question israélo-palestinienne. Nous sommes évidemment l'un et l'autre préoccupés par les violences sur le terrain et je voudrais ici réitérer ma condamnation de l'attaque survenue vendredi dernier à Jérusalem, mais également par la poursuite de la colonisation qui menace la solution des deux Etats. J'ai été sur ce sujet constant, aussi bien durant la campagne présidentielle française que depuis ma prise de fonctions ; nous partageons un même attachement au maintien du statu quo sur les lieux saints de Jérusalem et nous sommes convenus avec le Roi, de poursuivre nos efforts pour recréer un horizon politique crédible, là aussi pour permettre une reprise du processus de paix.

Au-delà de tous ces défis régionaux, il y a les sujets bilatéraux puisque nous avons une relation forte, étroite et en pleine progression ; la France est le premier investisseur non arabe en Jordanie et je souhaite non seulement que nous maintenions cet engagement mais que nous puissions le renforcer. Je souhaite que les entreprises françaises continuent et renforcent leurs investissements, en particulier dans les secteurs de l'eau, de l'énergie et je pense notamment au projet Mer Rouge, Mer Morte dont je mesure l'importance qu’il revêt pour votre pays et en particulier pour vous, Votre Majesté ; la France a appuyé dès le début ce projet avec beaucoup de force.

Voilà l'essentiel des sujets que nous avons abordés durant ce premier échange en tête-à-tête, que nous allons poursuivre ce soir lors de notre dîner de travail.

Maintenant, Mesdames et Messieurs les Journalistes, je ne voudrais pas conclure cette déclaration sans avoir une pensée pour vos trois collègues blessés aujourd'hui dans la région de Mossoul et pour leur fixeur irakien qui a trouvé la mort dans cet accident de guerre tragique. Je veux ici redire toute la solidarité de la France et du chef de l'Etat à l'égard de ces femmes et ces hommes qui font leur travail avec beaucoup de courage et auprès desquels nous serons constamment. Et je veux ici dire que mes pensées vont également à leur famille et à l'ensemble de leurs collègues ; sachez que nous sommes pleinement et l'ensemble de nos services, mobilisés sur le terrain, à la fois pour avoir toute la vérité sur ce qui s'est passé mais évidemment pour apporter tous les soins nécessaires à cette situation.

 

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