Organisée en réaction immédiate à l’explosion du 4 août à Beyrouth et afin de faire face à ses conséquences, la « Conférence internationale de soutien et d’appui à Beyrouth et au peuple libanais » s’est réunie virtuellement le 9 août à l’invitation du Président de la République française et du Secrétaire général des Nations Unies.

Cette conférence d’urgence a rassemblé l’Allemagne, l’Arabie Saoudite, l’Australie, la Belgique, le Brésil, le Canada, la Chine, Chypre, le Danemark, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, l’Espagne, les Etats-Unis d’Amérique, la Finlande, la France, la Grèce, l’Irak, l’Italie, le Japon, la Jordanie, le Koweït, le Liban, les Nations Unies, la Norvège, le Qatar, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, la Suède, la Suisse, l’Union européenne ainsi que la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque mondiale, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Fonds monétaire international (FMI) et la Ligue arabe.

L’explosion du 4 août à Beyrouth, qui a frappé la ville en son cœur, a été un choc pour le peuple libanais ainsi que pour tous les amis et les partenaires du Liban à l’étranger. Les participants à la conférence qui s’est réunie aujourd’hui ont exprimé leur solidarité envers le Liban. Ils ont présenté leurs plus sincères condoléances aux habitants de Beyrouth, qui pour beaucoup ont perdu des proches et des amis. Les participants à la Conférence qui s’est réunie aujourd’hui ont également souhaité un prompt rétablissement à tous les blessés.

Les participants ont salué le courage remarquable des équipes de secours, médicales et de recherche ainsi que des effectifs Libanais et étrangers déployés à Beyrouth afin de venir en assistance aux victimes et d’apporter des efforts d’urgence, notamment la Croix rouge libanaise ainsi que les équipes de la défense civile libanaise.

La communauté internationale, les plus proches amis et partenaires du Liban n’abandonneront pas le peuple libanais.

Les participants ont décidé d’agir avec détermination afin d’aider Beyrouth et le peuple libanais à surmonter les conséquences de la tragédie du 4 août. Ils se sont accordés à réunir des ressources majeures, au cours des prochains jours et des prochaines semaines, de manière à répondre aux besoins de Beyrouth et du peuple libanais. Conformément à l’évaluation des Nations Unies, les besoins sont particulièrement importants dans le secteur médical et de la santé, de l’éducation, sur le plan alimentaire et concernant la réhabilitation urbaine, domaines qui bénéficieront en priorité des programmes d’aide d’urgence internationaux.

Les participants sont convenus que leur soutien devait être conséquent, cohérent vis-à-vis des besoins du peuple libanais, coordonné sous la direction des Nations unies et déployé directement à la population libanaise dans la plus grande transparence et avec efficacité.

Un soutien à une enquête impartiale, crédible et indépendante au sujet de l’explosion du 4 août est immédiatement nécessaire et disponible, sur demande du Liban

Au-delà de l’aide d’urgence, les participants à la Conférence sont prêts à soutenir le redressement économique et financier du Liban, qui nécessite, dans le cadre d’une stratégie de stabilisation, que les autorités libanaises s’engagent pleinement en faveur des réformes urgentes et de substance qu’attend le peuple libanais.

En ces temps difficiles, le Liban n’est pas seul. La communauté internationale, notamment les plus importants partenaires du Liban rassemblés autour de la France et des Nations Unies, se tient aux côtés de Beyrouth et du peuple libanais. Les partenaires du Liban continueront à faire tout ce qui est en leur pouvoir afin de répondre aux besoins les plus pressants de Beyrouth et du peuple libanais.  

9 août 2020 - Check against delivery

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Conférence internationale de soutien et d'appui à Beyrouth et au peuple libanais - Déclaration du Président Emmanuel Macron

Fort de Brégançon, le 9 août  2020

Madame la Vice-Secrétaire générale des Nations Unis, chère Amina MOHAMMED, Mesdames, Messieurs les chefs d’État et de gouvernement, Mesdames, Messieurs les ministres. 

D’abord je voulais vous remercier pour vous être rendus disponibles aujourd’hui, avoir répondu présents si nombreux en un temps record à cette conférence internationale de soutien à Beyrouth et aux libanais. 

Cet engagement c’est celui que nous devons au peuple libanais. Il y a quelques jours, j'étais à Beyrouth où j'ai vu de mes yeux les conséquences de la tragédie du 4 août dernier. Je veux saluer aussi plusieurs dirigeants qui se sont rendus sur place le président Charles MICHEL, qui y était hier, le secrétaire général de la Ligue arabe également. Beyrouth était déjà une ville éprouvée. Elle est aujourd'hui touchée en plein cœur, avec un peuple fort et souverain qui pleure ses morts, exprime sa colère et veut relever la tête. Et je veux ici dire, au nom de nous tous, le soutien que nous apportons aux familles, aux proches des victimes ainsi qu'à tous ceux qui, en ce moment même sur le terrain, soignent, portent secours, font face en première ligne aux urgences et aux conséquences de la tragédie du 4 août. 

Notre rôle à tous est d'être là à leurs côtés, aux côtés de Beyrouth et du peuple libanais et c'est pourquoi je tiens à vous remercier tout particulièrement pour votre présence. 

Je salue la présence du président TRUMP qui a tenu malgré le décalage horaire être là en personne. Nous avons eu l'occasion d'échanger il y a 2 jours, mais il y a des chefs d'État et de gouvernement de tous les continents qui sont autour de la visio pour apporter leur soutien. 

Les Nations unies ont établi clairement, dans un document qui vous a été communiqué, les besoins, les besoins du peuple libanais. Premièrement, la santé. Plusieurs hôpitaux et infrastructures médicales ont été touchées et nous devons répondre aux besoins immédiats en matériel et en médicaments. Deuxièmement, l'alimentation. L'explosion a détruit les réserves et il nous faut assurer la sécurité alimentaire de toute urgence. Troisièmement, l'éducation. De nombreuses écoles ont été détruites et de nombreux enfants ont été affectés. Ils doivent être prises en charge avec leurs familles et retrouver le plus rapidement possible le chemin de l'école. Quatrièmement, le logement. Des centaines de milliers de personnes sont aujourd'hui à la rue. Plus de 300 000 selon les derniers chiffres, et nous devons leur apporter assistance pour l'hébergement et la reconstruction d'urgence, avec là aussi des besoins très concrets, dans un pays qui, je le rappelle, est touché par la crise migratoire compte tenu de la guerre en Syrie, tout comme la Jordanie et la Turquie. Je salue la présence du roi de Jordanie également autour de cette visio et ce sont des pays qui ont eu à vivre une crise profonde ces dernières années. 

L'objectif de la conférence qui nous réunit aujourd'hui est donc de mettre en commun nos moyens pour répondre très concrètement dans les prochains jours, les prochaines semaines, aux besoins de la population de Beyrouth. Et nous le pouvons tous ensemble sous la coordination des Nations unies sur le terrain, en réponse aux appels d'urgence des agences et en mettant en commun les moyens matériels que nous pouvons déployer d'ores et déjà et que nous avons mobilisés. 

La France a d'ores et déjà organisé 8 rotations aériennes. Nous avons 2 bateaux qui sont d'ores et déjà partis, plusieurs coopérations privées, un porte-hélicoptères amphibie qui partira dans les prochaines heures avec des moyens. Et je sais que beaucoup d'entre vous ont déjà organisé beaucoup de réponses de court terme. L'objectif aujourd'hui est de faire vite, avec efficacité, de coordonner notre aide sur le terrain pour qu'elle aille le plus efficacement possible à la population libanaise. Cette offre d'assistance inclut également un soutien à une enquête impartiale, crédible, indépendante sur les causes de la catastrophe du 4 août. C'est une demande forte et légitime du peuple libanais. C'est une question de confiance et les moyens sont disponibles et doivent être mobilisés. Et je remercie toutes celles et ceux qui sauront répondre aux demandes des autorités libanaises. 

Aujourd'hui, nous allons, j'en suis convaincu, adresser ensemble un message clair de soutien au Liban, à nos amis libanais pour leur dire que nous sommes là tous ensemble pour faire face aux conséquences de la tragédie. Je le disais, le président TRUMP est mobilisé, plus de 15 chefs d'État et de gouvernement, de nombreux ministres quand les chefs d'État et de gouvernement ne sont pas là. La Turquie et la Russie ont été aussi sollicitées. La Turquie n'a pas pu se joindre à la visio, mais apportera une aide. Je suis sûr que la Russie fera de même. Israël a manifesté son souhait d'apporter une aide. Je le signale ici à toutes et tous, même si les conditions géopolitiques rendent plus difficiles les choses mais il faudra les organiser, car c'est véritablement, je crois, une conférence d'unité que nous devons organiser aujourd'hui où malgré les divergences de vues, tout le monde doit venir en soutien au pays qui est le Liban et à son peuple. Cette aide que nous apportons au peuple libanais, à ses dirigeants n'est pour autant pas la fin de l'histoire. Elle implique d'abord cette organisation. Je pense que les Nations unies y reviendront. 

Ce que nous devons apporter, c'est cette aide avec un monitoring très étroit des Nations unies qui ont permis de définir les besoins qui vont permettre de l'organiser sur place avec le soutien de la Banque mondiale. Et je salue l'implication de ces organisations et avec le soutien aussi sur beaucoup d'opérations du FMI. Il est important que cette aide puisse aller le plus vite possible aux acteurs publics, privés, aux acteurs, non gouvernementaux, à la société civile, compte tenu de ses besoins d'ores et déjà évalués et le plus vite possible.

Mais nous savons et, je terminerai là-dessus, nous savons tous aussi que cette tragédie a frappé un pays qui traverse depuis plusieurs mois une crise politique et économique très profonde qui n'a cessé de s'aggraver. L'explosion du 4 août a sonné comme un coup de tonnerre. Le temps du réveil et de l'action est venu. Les autorités libanaises doivent maintenant mettre en place des réformes politiques et économiques demandées par le peuple libanais et qui, seules, permettront à la communauté internationale d'agir efficacement aux côtés du Liban pour la reconstruction. Je leur ai dit il y a quelques jours à Beyrouth et le président AOUN que je salue ici le sait : il y a des réformes sur le secteur de l'énergie et des marchés publics, de la lutte contre la corruption, il y a l’audit de la Banque centrale et du secteur financier à conduire, l'implication pleine et entière du FMI et de l'ensemble des acteurs internationaux. Le peuple libanais est libre, fier et souverain. Et il appartient aux autorités du pays d'agir pour que le pays ne sombre pas et pour répondre aux aspirations que le peuple libanais exprime en ce moment même légitimement dans les rues de Beyrouth. 

Nous devons tous ensemble tout faire pour que ni la violence ni le chaos ne puissent l'emporter. Or, aujourd'hui, ceux qui ont un intérêt à cette division et au chaos, ce sont les puissances qui voudraient en quelque sorte mettre à mal le peuple libanais, la paix et la stabilité du Liban comme de toute la région. C'est pourquoi je crois que en ce moment même et ces jours-ci, c'est bien l'avenir du Liban qui se joue, c’est bien l'avenir du peuple libanais, mais aussi celui de toute une région. Je ne veux pas être plus long. Je vous remercie une fois encore de votre mobilisation et je vais maintenant laisser la parole à la vice-secrétaire générale des Nations unies, Amina MOHAMMED.