Il était une des étoiles montantes de la science économique, de ceux qui pouvaient prétendre un jour obtenir le Prix Nobel. Emmanuel FARHI, économiste français professeur à l’université Harvard, s’en est allé à l’âge de 41 ans.

Emmanuel FARHI était un passionné de recherche. Reçu premier au concours de l’Ecole Polytechnique au terme d’une scolarité brillante, il fit le choix de l’Ecole normale supérieure, de l’agrégation de mathématiques, et, après un passage par l’école des Mines, du doctorat, obtenu en 2006, au prestigieux MIT. En quelques années seulement, il s’imposa aux Etats-Unis comme un des tout meilleurs économistes de sa génération. En pleine crise financière, au moment où le besoin de régulation devenait vital, ses publications audacieuses dans le champ des politiques macro-prudentielles retinrent immédiatement l’attention et contribuèrent de manière décisive aux réformes de la réglementation du secteur financier. Politique industrielle, finances publiques : son expertise s’étendit ensuite très rapidement. Si bien qu’en 2010, lorsqu’à 31 ans seulement, il fut nommé professeur titulaire à l’Université Harvard, il était déjà un économiste complet et reconnu. Prix du meilleur jeune économiste européen en 2009, prix du meilleur jeune économiste de France en 2013, cité par le FMI comme un des 25 jeunes économistes du monde en 2014 : rarement un économiste fit si précocement référence. Il était un des co-auteurs privilégiés du prix Nobel Jean TIROLE : leurs travaux communs sont désormais utilisés par les principales banques centrales du monde.

Emmanuel FARHI n’était pas seulement un théoricien. C’était un homme du faire, pour qui la recherche n’avait de sens que mise au service du progrès de tous. Résident aux Etats-Unis mais le cœur en France, Emmanuel FARHI agit ainsi très tôt pour faire changer les choses dans son pays d’origine. Membre du Conseil d’Analyse Economique à partir de 2010, il s’impliqua dans la vie politique et intellectuelle française, en prenant pleine part aux nombreux débats et controverses. Outre ses nombreuses notes, il intervenait très régulièrement dans les colloques les plus éminents, à la Banque de France, ou encore au forum d’Aix-en-Provence, organisé chaque été par le Cercle des économistes. La baisse du chômage, la relance de l’investissement, l’attractivité retrouvée du pays : les travaux d’Emmanuel FARHI, qui contribua au programme économique d’En Marche en 2016-2017, ne sont pas étrangers aux réussites économiques françaises de ces trois dernières années. Récemment encore, cet esprit solaire s’était engagé pour répondre aux questions économiques posées par la crise du COVID. Théoricien brillant des déséquilibres macroéconomiques mondiaux face au surcroît d’épargne et au manque d’investissement, Emmanuel FARHI avait accepté de participer à la « commission d’experts sur les grands défis économiques » installée à l’Elysée en mai dernier. C’est désormais sans lui mais forts de son legs inestimable que les membres de cette commission auront à proposer des solutions innovantes sur les enjeux du siècle : le climat, les inégalités, la démographie.

Ses élèves et ses étudiants de Harvard comme de la Toulouse School of Economics n’oublieront pas les conseils toujours pertinents d’Emmanuel FARHI, ses réactions patientes et exigeantes, sa connaissance encyclopédique de la littérature économique. Son héritage intellectuel s’étendra ainsi bien au-delà de ses travaux pionniers, à travers les nombreux étudiants qu’il a formés avec une grande générosité.

Le Président de la République salue un homme qui aura marqué la science économique et la vie intellectuelle. Il adresse à sa famille, à ses proches, ainsi qu’à l’ensemble de la communauté des économistes, ses plus sincères condoléances.

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