Message du Président de la République à l'occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et des abolitions.


Mes chers compatriotes,

Depuis quinze ans, le 10 mai marque dans notre calendrier républicain la journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions.

Cette journée existe pour que jamais nous n’oubliions ces pages de notre histoire.

Elle nous rappelle la barbarie de la traite négrière et de l’esclavage colonial, ce crime contre l’humanité qui fut perpétré durant des siècles.

Mais elle nous rappelle aussi que c’est en dénonçant et en détruisant ce système que nous sommes véritablement devenus ce que nous sommes : le pays des droits de l’homme, et une République une et indivisible qui puise dans sa diversité la force de l’universel.

C’est l’honneur de la France républicaine — de la Convention de 1794 et du gouvernement provisoire de 1848 — que d’avoir aboli l’esclavage ; que d’avoir lié le destin même de la République française à l’abolition de l’esclavage.

Le 10 mai nous rappelle encore que la géographie de la France, qui plonge son territoire dans toutes les mers, a été modelée par cette histoire.

Le 10 mai nous rappelle enfin que la République française est avant tout une idée, qu’elle offre un imaginaire qui s’enracine dans un désir farouche et inextinguible de liberté.

C’est cette histoire et cette aspiration communes qui font de nous tous des Français, de part et d’autre des océans.

C’est pourquoi chaque année, nous célébrons le 10 mai tous les héros de la liberté, ceux qui nous ont décillé les yeux et ceux qui ont secoué leurs chaines : intellectuels engagés, philanthropes décidés et esclaves révoltés ; Montesquieu et l’abbé Grégoire, Victor Schœlcher mais aussi Olympe de Gouges, Toussaint Louverture mais aussi Solitude, et tous ces anonymes dont l’histoire a effacé le nom mais retenu les combats.

Leur exemple, toujours, nous inspire, nous oblige. A plus de liberté, ici et dans le monde. A plus d’égalité, indissociable de la liberté, des chances et des droits. A plus de fraternité enfin, car ces combats ne sont pas ceux d’un groupe ou d’une communauté — ils sont universels.

Nous aimerions tant célébrer ces héros comme ils le méritent aujourd’hui. Nous aimerions tant pouvoir nous rassembler dans la solennité fraternelle des cérémonies civiques qui font la Nation française. Ce n’est hélas pas le cas cette année et je veux avoir une pensée particulière pour ces milliers de familles qui se trouvent aujourd’hui séparées par les océans, et qui vivent d’autant plus durement les contraintes du confinement et les incertitudes du déconfinement.

Mais nous nous retrouverons. Nous nous retrouverons d’abord dans le Jardin du Luxembourg et bientôt autour du mémorial du Jardin des Tuileries. Nous nous retrouverons parce que l’épreuve que nous traversons aujourd’hui ne nous a pas éloignés, elle nous a faits plus proches, plus unis.

C’est ainsi que nous pourrons nous redresser, en nous rassemblant. Et notamment autour de nos rites communs, de notre mémoire, en regardant notre histoire en face et ensemble, pour qu’elle soit non pas un frein mais un élan.

Je suis confiant. Je suis confiant parce que la solidarité qui nous lie, par-delà nos origines, nos conditions ou nos âges, par-delà les mers et par-delà les murs que dresse entre nous l’épidémie, est plus forte que tout. Et parce que l’histoire nous l’enseigne : la France unie surmonte toutes les épreuves.

Voilà le message que je voulais partager avec vous en ce 10 mai. Un message de confiance et d’espoir, inspiré par notre histoire.

Emmanuel Macron

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