12 juillet 2018 - Seul le prononcé fait foi

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Retranscription de la conférence de presse du Président de la République, Emmanuel Macron au sommet de l'OTAN à Bruxelles

SEUL LE PRONOCÉ FAIT FOI.
Bruxelles – Jeudi 12 juillet 2018

Mesdames et Messieurs,

Quelques mots à l’issue donc de ce sommet de l’alliance Atlantique, alors que les dernières discussions sont en train de s’achever. Cette rencontre a d’abord été l’occasion pour les chefs d’Etat et de gouvernement de l’alliance de prendre acte des transformations du contexte stratégique - on pourra y revenir dans le cadre des échanges et des questions - et de poursuivre les travaux qui avaient été enclenchés dès 2014 lors du sommet du pays de Galles et à Varsovie en 2016. Ces cinq dernières années ont été une transformation profonde, évidemment, de notre environnement, et majeure pour l’alliance, face en particulier, d’une part, à l’invasion de la Crimée, et d’autre part, à l’émergence forte et officielle de Daesh.

C’est dans le prolongement de ces décisions que nous sommes convenus aujourd’hui de continuer à améliorer le dispositif de défense collective et de coopérer davantage, et le faire surtout suivant quelques principes qui me paraissent extrêmement importants.

Ces principes, c’est d’abord d’avoir une OTAN crédible pour notre défense collective. La crédibilité, c’est celle qui justement est au cœur de nos méthodes d’intervention, nous avons adopté et renforcé la structure de commandement de l’OTAN, nous avons pris des mesures pour accroître la flexibilité et la mobilité de nos forces, notamment l’Initiative pour la réactivité, et nous poursuivons notre investissement dans la cyber défense. Nous maintenons les mesures de réassurance à l’Est de l’alliance, et à ce titre, la France participe à la Présence avancée, renforcée de l’OTAN en Lituanie, et retournera en Estonie l’année prochaine, j’ai pu le confirmer. Et toutes ces mesures nous permettent de disposer d’une posture militaire agile et défensive. Elle est conforme à nos engagements internationaux, s’accompagne d’un maintien du dialogue avec la Russie sur la réduction des risques d’escalade et sur la transparence. Enfin, pour la France, une OTAN crédible, c’est aussi une organisation qui conçoit son élargissement sans précipitation, et en pleine conscience de ses intérêts de sécurité.

Le deuxième élément clef de cette stratégie, c’est une OTAN efficace sur les théâtres d’opérations extérieures. Face au terrorisme, l’OTAN a un rôle à jouer en complémentarité avec les actions nationales, européennes, internationales, et nous avons acté le lancement d’une mission de formation de l’OTAN en Irak, qui sera déployée selon un calendrier lié à la mise en place du nouveau gouvernement à Bagdad.

C’est, troisièmement, une OTAN moderne, en particulier dans l’utilisation de ses ressources. Nous avons encouragé l’organisation et assurer une gestion efficace des ressources qui lui sont attribuées par les nations alliées, et j’y veillerai tout particulièrement, et c’est au cœur des échanges que nous avons pu avoir ces derniers mois avec le secrétaire général.

C’est enfin une OTAN unie et solidaire, je pense que c’est un point important, l’ensemble des chefs d’Etat et de gouvernement présents ont réaffirmé - c’est au cœur d’ailleurs de la déclaration, le président américain l’a, à l’instant, réaffirmé - l’engagement que nous portons tous pour l’OTAN et pour l’unité de l’alliance. C’est ce qui garantit proprement son efficacité et notre sécurité collective, celle de l’Amérique du Nord, comme de l’Europe. Cette sécurité, elle ne se mesure pas qu’en termes comptables, même s’il faut le reconnaître, la cohésion de l’OTAN n’est possible que s’il y a un vrai partage des responsabilités en la matière, et sur ce sujet, le sommet a, là aussi, permis d’avancer, d’une part, de constater les engagements pris par les uns et les autres, l’augmentation de la part européenne ces dernières années, conformément à la feuille de route de 2014, et la réaffirmation que nous tiendrons les engagements pris qui consistent à aller vers 2 % du PIB à horizon 2024. Ce qui permet, dans les faits, et tel que nous le mesurons d’ailleurs ces dernières années, un rééquilibrage du financement de l’OTAN. La France s’est elle-même engagée fortement sur cette trajectoire, en votant une loi de programmation militaire que je promulguerai demain, et qui permet de donner une visibilité, et surtout, une crédibilité budgétaire aux engagements pris par la France à l’égard de ses partenaires, et pour nous-mêmes, parce que chacun des pays présents décide de ses dépenses pour sa propre sécurité et pour, avant toute chose, des motivations nationales.

Ces efforts doivent se poursuivre, et comme j’ai eu l’occasion de le souligner lors du Conseil européen, pour moi, ils sont accompagnés, renforcés par la crédibilité croissante d’une stratégie, d’une volonté européenne. Les ministres de la Défense de la France et de l’Allemagne sont ici présentes, et je veux les remercier pour le travail fait ces derniers mois. C’est évidemment un engagement franco-allemand très fort, que nous avons porté avec une feuille de route dès le 13 juillet 2017, qui a permis des avancées concrètes à Meseberg, sur deux projets industriels qui étaient considérés comme infaisables par nombre des observateurs franco-allemands, et c’est aussi depuis le mois de juin 2017 des avancées très concrètes, une coopération structurée en matière de défense, un fonds européen en matière de défense, et l’Initiative européenne d’intervention, que nous portons ensemble avec sept autres Etats membres. Nous sommes neuf au total aujourd’hui dans cette initiative. Ces éléments sont essentiels pour la crédibilité européenne ; elle est compatible avec l’OTAN, elle est même un élément pour moi de renforcement de la stratégie de l’OTAN, mais elle montre aussi une prise de conscience de l’Union européenne, la nécessité de nous protéger nous-mêmes et de prendre toutes nos responsabilités dans ce contexte. Et je le dis tout particulièrement à l’égard des Etats membres de l’Union européenne, qui ont un besoin tout particulier de sécurité, je pense aux Etats de la frontière Est ou aux Etats baltes. L’Europe s’organise pour, de toute façon, toujours être là à leurs côtés, la France prend toutes les dispositions pour le faire, l’Allemagne aussi, et c’est cet élément de responsabilité et de réalisme contemporain qui nous motive également.

Voilà, Mesdames et Messieurs, à l’issue de ces deux jours d’échanges, particulièrement riches, ce que je voulais partager avec vous. Nous pourrons revenir sur différents points durant les questions, mais je veux ici à la fois remercier le secrétaire général de l’OTAN et l’ensemble de ses équipes et des officiers généraux pour le travail fait, remercier évidemment le Premier ministre belge pour son accueil, et dire que ce sommet a permis de confirmer des avancées, qui avaient été commencées ces dernières années.

Il a permis de réaffirmer une unité, dont nous avons besoin, et il doit nous permettre, dans la durée, d’affirmer un esprit de sérieux, parce qu’en ces matières, il ne faut jamais oublier que nous parlons, d’une part, de notre sécurité collective, mais que d’autre part, nous parlons de femmes et d’hommes qui, sur le terrain, risquent leur vie pour nous. Et de cela, nous ne plaisantons jamais. Et donc ces sujets sont d’une grande gravité, je pense que la première chose que nous devons à nos soldats, c’est d’être sérieux aujourd’hui et dans la durée pour eux. Et je vous remercie. Je vais répondre à vos questions.

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