30 avril 2018 - Seul le prononcé fait foi

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Réception pour le commerce alimentaire de proximité

Messieurs, Mesdames les ministres,

Mesdames, Messieurs les parlementaires,

Mesdames, Messieurs les présidentes et présidents,

Monsieur le président du MIN de Rungis,

Chers amis,

 

Ecoutez ! Bienvenue.

 

Alors vous l’avez dit, la tradition c’est le 1er mai de fêter avec le muguet. L’objectif de cette cérémonie ce soir n’est pas de contrarier les traditions en le faisant quelques jours plus tôt, c’est simplement que je ne serai pas là le 1er mai, je serai en Australie, avec d’ailleurs nos filières agroalimentaires, avec des chefs, avec l’œnologie française, avec plusieurs filières agroalimentaires pour aussi la pousser dans ce pays qui nous aime beaucoup. Et donc plutôt que de ne rien faire, j’ai préféré que nous anticipions.

 

Donc vous voilà ce soir réunis pour fêter le muguet qui était présent, et je remercie nos fleuristes de l’avoir apporté avec eux et nous avons fêté à l’instant avec mon épouse Brigitte et les ministres les reines du muguet, mais également pour fêter en effet toutes les filières et l’ensemble du commerce alimentaire de proximité.

 

Ce que je voulais mettre en lumière à travers cette réunion amicale et conviviale, c’est ce que vous représentez, ce que tous les visages familiers, connus qui sont dans cette salle portent, c'est-à-dire une excellence française dont nous avons besoin.

 

Moi, je crois dans la souveraineté alimentaire française de qualité. Qu’est-ce que ça veut dire ? Ça veut dire qu’aujourd’hui nos concitoyens, ils ont envie – parce que nous sommes un grand pays – de choisir ce qu’ils mangent, de choisir des choses de qualité, de choisir l’endroit où les acheter et de pouvoir redonner un sens à cela dans leur territoire.

 

Ça veut dire que ce à quoi on s’est lentement habitué depuis des décennies, qui est d’acheter le moins cher possible, le plus déterritorialisé possible, en se disant : ça n’a pas de prix donc derrière il n’y a pas de travail qui a une valeur, en déshabillant progressivement nos centres-villes, c’est l’inverse que nous devons réussir à faire. Et pourquoi ?

 

Pourquoi ? Parce que d’abord c’est le goût aujourd’hui de nos concitoyens, mais parce que derrière il y a un travail. Et les gens doivent s’habituer à ce que derrière le prix, il y ait une valeur et il y a une valeur parce qu’il y a un travail, il y a une production française qui vient du sol ou de l’élevage, ou des produits de la mer, comme nous l’avons vu, il y a un soin qui est apporté, il y a un travail d’élevage, d’exploitation, il y a ensuite un travail de transformation, de conditionnement puis de distribution. Et tout ça, ce sont des hommes et des femmes qui le portent, tout ça ce sont des savoir-faire et donc tout ça a une valeur.

 

Et cette pédagogie, nous devons la faire parce que c’est à la fois l’histoire de notre pays et c’est, je le crois très profondément, une immense modernité. Et c’est, derrière, la clé de notre humanité, pourquoi ? Parce que c’est la place donnée à des femmes et des hommes. Si on se met à supprimer la part d’humain derrière tout cela, autant tout supprimer. Et c’est derrière le sens qu’on donne à ces actions, c'est-à-dire c’est des centaines de milliers d’emplois sur nos territoires avec un savoir-faire, un génie de la main et toutes les valeurs que vous portez.

 

Donc c’est cette philosophie que nous avons en effet portée depuis plusieurs mois avec toutes celles et ceux ici présents, ces filières et je veux vraiment vous remercier pour, justement, le travail, l’engagement qui a été le vôtre.

 

Vous avez à travers les Etats généraux de l’alimentation, le ministre est là qui a commencé les débats parlementaires, joué le jeu. On va redonner un vrai prix pour que les exploitants agricoles puissent vivre de leur travail. On va permettre de construire un prix qui a du sens et derrière, on va ensemble structurer des filières.

 

Et ça, c’est votre engagement, on redonne des marges de manœuvre, on va protéger face à des excès qu'on a pu voir ces derniers temps de la distribution. Mais derrière, il y a une organisation des filières les unes après les autres, comme nous l'avons d'ailleurs parfaitement vu.

 

Si on veut réussir sur la filière laitière, il faut qu'on aille vers de la qualité, il faut qu'on aille vers de la transformation comme les fromagers nous l’ont montré à l'instant, il faut qu'on puisse valoriser le produit en le transformant, en créant de la qualité et de la valeur en France, c'est absolument indispensable.

 

Si on veut réussir dans la viande et l'élevage, il faut là aussi qu'on développe : que les indications géographiques, les appellations d'origine et toute la filière jusqu'à la boucherie puissent se développer et valoriser le produit. Parce que de l'élevage à l'abattoir jusqu'à la découpe française, c'est un savoir-faire, ce sont des métiers et c'est une organisation de filière.

 

Et donc, filière par filière, c’est ce que je veux que nous fassions en tirant vers la qualité, en tirant vers la valorisation. Aujourd'hui, on ne peut pas rester avec les chiffres qui sont les nôtres sur de trop nombreuses filières. Je regarde le bio, on importe un milliard de bio dans notre pays, on est une grande nation agricole et alimentaire, on doit pouvoir le produire nous-mêmes et, donc, réussir cette conversion.

 

50 % des légumes consommés en France sont importés, on doit réussir là aussi à mieux valoriser, distribuer. On a vu le dynamisme de la filière représentée ici, on l'a vu à l'instant avec les fraises de Carpentras: il y a de la qualité, il y a des produits qui sont différents, il y a du goût, il y a de la valorisation et là aussi des savoir-faire, il faut aller au bout de cette démarche pour complètement inverser cette tendance sur les légumes comme sur les fruits.

 

Il y a 6 milliards d'euros de déficit commercial sur les viandes transformées. Nous sommes une grande nation d'élevage, on doit réussir la bataille, je le disais, au niveau de l'abattage, où on doit continuer à moderniser et développer l'offre, ce qu'on va faire. On doit réussir la valorisation, on doit réussir davantage la transformation en France et la valorisation par les métiers, en particulier ceux des bouchers et des traiteurs.

 

Sur chacune de ces filières, nous avons un combat essentiel. Il passe par les Etats généraux de l'alimentation, il passe par une mobilisation de chacune et chacun, il passe par l'aide qu'on apportera à travers l'investissement et le plan d'investissement agricole et il passe par une éducation collective qu'on donnera, une éducation citoyenne. Il faut qu'on explique à nos concitoyens que ça a une valeur, que derrière ce sont des territoires, ce sont des femmes et des hommes, ce sont des métiers, c’est des années et des années où on apprend et où on fait.

 

Ensuite deuxième chose essentielle, vous l'avez rappelé, c'est de redonner de la vie, de la force, de l'enthousiasme à la distribution. Et donc le MIN de Rungis est un formidable exemple et vous le savez, je l'aime depuis longtemps parce que c'est un regroupement d'indépendants. Et donc c'est un lieu immense où il y a des femmes et des hommes qui aiment ce qu'ils font, qui le portent, qui portent justement cette culture française et qui en même temps prennent le risque, ils sont toutes et tous des entrepreneurs qui innovent en permanence, j'ai pu, constamment, le constater.

 

Mais au-delà du MIN, ce qu'on doit réussir à dynamiser, ce sont tous les MIN de France, ce sont toutes les formes de distribution au plus près du terrain et c'est, là aussi, le commerce de proximité. Le seul moyen de réussir à être moins dépendant de la grande distribution, c'est d’abord de la pousser à jouer le jeu, ce qu'on va faire là aussi avec les Etats généraux en contrôlant davantage, en valorisant les initiatives que certains acteurs de la grande distribution prennent parce qu'ils sont citoyens et ils s'engagent en prenant des labels, là aussi en valorisant les producteurs ou leur région, mais en redéveloppant les commerces de centre-ville.

 

Nos concitoyens, ils veulent habiter des centres-villes et des centres-bourgs qui vivent, où quand on se promène il y a des commerces, où on peut descendre et savoir à qui l'on parle et où l’on a quelqu'un en face de soi qui peut expliquer d'où vient le produit et qui apporte cette garantie.

 

Et là aussi, le métier du commerce de proximité c'est un métier humain, c’est un métier de contact, c'est un métier de passion et nous en avons besoin. Et qu'il s'agisse des commerçants, des artisans, qu'il s'agisse des restaurateurs, des traiteurs, des hôteliers, tous ces acteurs sont absolument essentiels.

 

Et c’est d’ailleurs pour accompagner cette initiative, au-delà de la structuration des filières, que nous avons lancé cette opération « cœur de ville » - plusieurs dans la salle la connaissent bien - où nous investissons 5 milliards d'euros avec la Caisse des Dépôts, avec Action Logement pour accompagner très concrètement des maires qui y croient, avec des associations de commerçants qui veulent rouvrir, qui veulent redévelopper.

 

C'était il y a quelques semaines à Saint-Dié dans les Vosges, cette avenue Thiers qui a été désertée, où il n’y a presque plus de logements, où les commerces ont disparu, on a un maire qui veut la reconquérir, on va l'accompagner. Et c'est une histoire formidable parce que tout le monde est porté par cet enthousiasme.

 

Et donc il n’y a aucune fatalité, il y a une bataille à conduire et à l'heure où on parle du numérique, les gens veulent de la grande simplicité en un clic, mais ils veulent du contact quotidien parce qu'ils ont besoin d'humanité. Et donc cette bataille, on doit la mener.

 

Enfin, il y a l'alimentation, l'agriculture et la transformation, il y a le commerce, enfin il y a les femmes et les hommes qui font tout ça, vous. Et on ne fera rien sans les femmes et les hommes. C'est pourquoi on a mené, on va continuer à mener - et je peux vous dire, rien ne nous arrêtera - dans la bataille pour l'apprentissage, pour l'alternance et pour la formation, en particulier dans vos métiers.

 

On doit redonner de l'attractivité à ces filières, je voyais nos amis poissonniers à l'instant, le dernier CFA est à Rungis, on me dit qu'on a du mal à trouver des jeunes, d'abord on va réorganiser le sujet – et j'y reviendrai – des MOF pour que vous soyez pleinement valorisés, on va vous aider. Mais il faut revaloriser toutes ces filières.

 

Et donc il faut qu'on explique aux familles, aux jeunes que devenir fromager, poissonnier, boucher, fleuriste, tout ça ce sont des métiers qui ont un avenir, où il y a une demande, il y a un besoin, qui sont des beaux métiers, où il y a la quasi-certitude d'avoir un emploi. Et donc des CFA au lycée pro en passant par tous les centres de formation, il y a 80 à 100 % de débouchés pour avoir un emploi à la sortie de celles-ci.

 

Et donc ce que nous sommes en train de conduire, la réforme qui a été présentée ce matin en Conseil des ministres, c'est une réforme qui va simplifier les choses pour les employeurs. Simplifier les règles, baisser les critères de responsabilité, adapter avec chaque branche les règles qui font qu’on n’aura plus des horaires qui sont inadaptés à la filière qu’on rejoint, des règles de responsabilité qui sont totalement insoutenables pour les patrons et qu'il faut que filière par filière, on va dire ce dont on a besoin.

 

On ne peut pas faire de la restauration et finir à 21 h 00, on ne peut pas décider d'embrasser la boulangerie et ne commencer qu'à 7 h 00 du matin, ça ne marche pas. Et donc ce sont les filières qui vont redéfinir les règles. On va simplifier les choses pour l'employeur en faisant que sur la feuille de paye, on voie le coût réel de l'apprenti, qui sera jusqu’à - pour la première année, pour les entreprises de moins de 200 salariés - de 65 euros par mois, avec toutes les aides qu'on met en place et la simplification, 65 euros par mois.

 

Je n’entendrai plus personne qui me dira « mon apprenti me coûte un SMIC », ce ne sera plus vrai, ce n'est déjà plus vrai mais le système d'aide est trop compliqué et il arrive trop tard. Donc on va simplifier, on va aussi simplifier les choses pour les jeunes en les payant mieux, mais on le compensera par les aides, parce qu'il faut que ces filières soient attractives pour les plus jeunes, en les accompagnant pour les aider à passer le permis de conduire et en valorisant ces filières.

 

L'apprentissage, dans les métiers de bouche, dans l'agriculture, dans le commerce de proximité c'est la certitude d’avoir un emploi, c'est l'intelligence de la main, c'est la beauté des métiers de tradition et ce sont des métiers d’avenir. Et donc je veux qu’avec vous, on gagne cette bataille parce que c'est la clé pour gagner la bataille contre le chômage.

 

Et puis enfin parce que ce sont aussi des filières d'excellence, il y a beaucoup parmi nous de « meilleur ouvrier de France » jusqu'au chef de l'Elysée. Et ce que les MOF ont su faire, ce que nos chefs dans la gastronomie ont su faire, ce que beaucoup d'entre vous ont su faire, c’est dire : nous, nous sommes dans des métiers où l'université n'a pas construire des titres qu'on peut accrocher au blason, mais où on a su créer de l'excellence, de la distinction, où on a su valoriser le savoir-faire.

 

Et donc ce que je veux faire passer ici comme message, c'est qu'il y a non seulement un avenir, il y a des emplois mais il y a une excellence dans chacun de ces domaines. Et on le sait bien, nous venons de voir plusieurs écoles qui était présentes, j'ai encore vu il y a quelques mois l'école Ferrandi, on le sait pour toutes les écoles qui sont ici représentées, l'Académie que vous allez ouvrir à Rungis, cette excellence doit être valorisée et reconnue.

 

Moi je crois à ces premiers de cordée, parce que je pense que ce sont les meilleurs qui tirent ensuite les autres. Tous les concours que nous menons, le travail qu'il y a derrière, c'est absolument essentiel parce que c'est ce qui permet de tirer tout le monde et de valoriser pleinement ces filières, ces métiers, un enthousiasme et un engagement de tous les jours.

 

Et cet engagement, vous l’illustrez aussi parfaitement dans la bataille que vous menez avec nous et je finirai sur ce point, envers le handicap. Le taux de chômage des personnes handicapées aujourd'hui en France, c'est le double du reste de la population active. Alors nous sommes à ce dernier jour des Duo Day, nous avions hier aussi dans cette maison un jeune adjudant de l'armée handicapé, mais je vais vous dire très clairement, on n'est pas un grand pays, on n'est pas une grande économie si les femmes et les hommes en situation de handicap ne sont pas pleinement dans la vie.

 

D'abord parce que c'est bon pour eux, parce qu'on gagne contre le handicap quand on a la vie la plus ordinaire possible, parce que c'est bon pour la société, parce que soi-même on réinterroge ses pratiques, parce qu'on n'est pas une grande société si on considère qu'il y a une part maudite, qu'il y a des gens qui n’ont pas droit de cité parce qu’ils sont un peu différents, parce que souvent d'ailleurs ils ont peut-être quelque chose en plus que quelque chose en moins, parce qu'ils ont mené des combats que les gens qui sont nés comme tout le monde n'ont jamais eu à mener.

 

Et donc cette bataille pour former, pour embaucher les personnes en situation de handicap, ce n'est pas une politique de misérabiliste, ce n’est pas une politique qu'il faudrait faire une fois dans l'année parce qu'on y pense. C’est le cœur d'une économie et d'une société, c'est ce qui fait qu'on sera plus fort et plus riche.

 

Et donc je compte aussi sur vous pour qu'on gagne cette bataille, parce que la valeur de ces filières que vous représentez, ce sont les femmes et les hommes. Et donc c'est aussi dans vos filières qu'on doit gagner cette bataille contre l'exclusion, contre le chômage des personnes en situation de handicap. Et là-dessus je compte pleinement sur vous.

 

Voilà Mesdames et Messieurs ce que je voulais partager avec mon épouse et l'ensemble des ministres ici présents avec vous aujourd’hui.

 

Il y a beaucoup de batailles qu'on a commencées, menées de front, qu'on va continuer à mener, mais elles ne seront pas gagnées du jour au lendemain, on le sait bien. Chaque jour, on est confronté à de mauvaises nouvelles, il peut y avoir des aléas climatiques, des mauvaises nouvelles ou des risques qui viennent de l’Europe ou de l'étranger, on a parfois de mauvais coups du sort, donc il faudra qu'on continue à rester groupés.

 

Moi, vous m'aurez toujours à vos côtés, parce que je crois dans vos métiers. Et j'ai eu l'occasion de le dire à plusieurs reprises, mais il y a une chose qui fait que je crois dans les métiers que vous représentez, ou deux. La première c'est que vous êtes l'identité de ce pays : partout où on se promène dans le monde, on aime la France pour ses territoires, ses terroirs, ses savoir-faire et l'excellence justement de ce qu'elle représente et de ce que tous vos métiers portent.

 

Et la deuxième chose, c'est que, que vous soyez commerçant, artisan, paysan, transformateur, distributeur, vous êtes des passionnés. On le voit dans les exploitations du Cantal à la Bretagne, en passant par notre Sud-ouest et la Normandie, je sais que dès qu’on commence à citer des exemples, on est interpellé sur toutes les régions. On le voit quand on va à Rungis au petit matin, on le voit quand on va dans les moindres commerces de centre-ville, chez les restaurateurs qui sont ici présents, vous ne faites pas partie des gens qui comptent leurs heures.

 

Et ces métiers de passion sont essentiels parce qu'on ne redresse un pays que par la passion, que par l'engagement, parce que c'est la passion qui fait qu'on se lève le matin très tôt et qu'on finit tard, parce qu'on veut que ce soit le meilleur possible, parce que ce qu'on guette c'est le sourire du client, c'est le sourire du fournisseur au du client final, ce qu'on guette c'est la fierté dans les yeux de l'apprenti qu'on a formé. Et donc les heures sont toujours en plus.

 

Mais moi, j'ai besoin d'une France dont les heures ne sont pas comptées, j'ai besoin d'une France d'engagés, j'ai besoin d'une France de passionnés et vous en êtes. Donc s'il vous plaît, faites la vivre. Vive le 1er mai.

 

 

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