14 avril 2018 - Seul le prononcé fait foi

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Transcription du discours du Président de la République à l'occasion de la réception des athlètes des JOP de Pyeongchang

Bravo ! Bravo à vous !

Je veux vous dire combien vous êtes les bienvenus dans cette maison et ne me remerciez pas parce que ce que vous avez offert aux Françaises et aux Français, pendant toutes ces semaines, c'est la plus belle chose que la République puisse offrir.

Alors, on est toujours heureux et flatté de rentrer dans ces lieux. Mais je peux vous dire qu'aujourd'hui, ce sont les ministres, c'est moi-même qui sommes très heureux de vous avoir ici.

Parce que nous sommes très fiers. On a eu l'occasion de le dire tout au long de ces Jeux olympiques. Cette maison d'ailleurs a été largement dissipée pour suivre quelques épreuves. Mais vous avez offert un formidable exemple à tous nos sportifs, à tous nos jeunes et moins jeunes, de l'excellence et en plus des valeurs qui accompagne l'olympisme.

Mais que vous soyez athlètes, médaillés ou non, entraîneurs, encadrants techniques ou médicaux, vous avez montré justement ce qu’un travail inlassable, un engagement de tous les jours, une préparation méticuleuse permettait d'obtenir.

Alors, il y a toujours une part de hasard. Mais pendant des années, vous avez tout fait pour réduire cette part de hasard.

Auprès de vous, vos collègues, vos familles, tous les encadrants, les médecins, les équipes à qui vous venez, l’un et l'autre, de rendre hommage et je veux vraiment vous en remercier et vous en féliciter. Vraiment. Bravo !

Ce n'est pas seulement le goût de l'exploit, ni la fierté nationale qui attisent la passion des Français pour les Jeux olympiques et paralympiques, c'est justement cette excellence fondée sur le respect de soi, de ses équipiers, de son public.

Les Français aiment justement et vous aiment parce qu'ils reconnaissent en vous cette intégrité morale qui peut illuminer tous les domaines, cette capacité d'engagement qui porte notre pays. Ce sont ces valeurs que vous avez portées.

Alors, à travers vous, ce sont des familles, des équipes, toute une fédération que je veux remercier. Ce sont des régions aussi – je le sais bien – leurs élus sont présents avec nous pour partie et ils sont engagés derrière vous. Ce sont à chaque fois des vies et des engagements, des étapes de vie. Je voulais vraiment vous remercier pour toute cette générosité qui accompagne ces exploits.

Je voulais aussi remercier les équipes de France Télévisions de nous les avoir rendus accessibles et le CIO de les avoir rendus possibles.

Quelques semaines avant ces Jeux – on s'en souvient – il y avait beaucoup d'incertitudes. Mais il y a eu un engagement formidable du Comité international olympique, on s'est tous mobilisés, là où nous étions. Il y a eu un vrai travail fait par la Corée, pour que l'apaisement accompagne ces Jeux. Je crois pouvoir le dire, les valeurs de l'olympisme auxquelles nous sommes profondément toutes et tous attachés, ont rayonné et même bien au-delà du sport pendant ces quelques semaines. Vous pouvez être fiers d'avoir participé aussi à ce moment qui était inconcevable quelques semaines plus tôt.

Je crois pouvoir dire aussi qu'aujourd'hui, dans ce cadre, c'est la Corée du Sud que nous pouvons remercier tout particulièrement pour ce travail. Je la remercie chaleureusement à travers son ambassadeur qui est parmi nous. Parce qu’elle n’a pas ménagé non plus ses efforts.

Alors, ces Jeux olympiques offrent évidemment un regard optimiste et constructif. C’est en cela que vos exploits signifient bien plus que des exploits sportifs. C'est que vous portez, dans le cadre justement des épreuves que vous avez gagnées ou auxquelles vous avez participé durant ces Jeux olympiques et paralympiques, les valeurs auxquelles nous sommes attachés et qui nous ont conduits à nous battre, avec plusieurs dans cette salle, pour accueillir les Jeux olympiques et paralympiques en 2024.

Je me réjouis, cher Martin, chère Marie, que vous y preniez votre part au sein de la Commission des athlètes.

Mais – vous l'avez déjà dit – c'est une étape que nous venons de franchir. Nous étions présents, nous avons tenu les objectifs. Vous êtes là. Aujourd'hui, nous vous célébrons. Mais nous n'avons pas le droit de nous contenter d'une victoire, alors que nous avons devant nous beaucoup d'autres batailles.

C’est pourquoi je souhaite que la France accueille le Mondial de ski 2023, qu'elle montre aux 75 Nations qui y participeront et aux plus de 600 millions de téléspectateurs qui les suivront, que la flamme de Grenoble et d'Albertville n'est pas éteinte, pas du tout et que nous comptons dans nos rangs, en plus des champions de l'olympisme, des champions de l'organisation, de l'accueil, des entreprises, des collectivités territoriales, des acteurs touristiques.

Je sais que nous pouvons y arriver et j'apporte tout mon soutien à la Fédération française de ski, cher Michel VION, pour que Courchevel et Méribel soient choisies le mois prochain. Ça, c'est une des prochaines étapes essentielles. Nous connaissons les autres.

Vous avez raison de les applaudir !

Et puis, nous avons un immense travail, pour que les prochaines échéances soient préparées, parce que c'est dès maintenant et nous le savons bien, certains sont d'ailleurs repartis et vous n’avez pas ménagé vos efforts, déjà depuis la victoire, pour préparer les prochaines étapes et c'est l'ensemble des fédérations qui sont déjà mobilisées, nous le savons bien et nous allons poursuivre ce travail.

Alors, si nous sommes réunis, c'est pour décorer les 23 athlètes – quelques-uns n'ont pas pu être présents parmi nous et ils se sont excusés – mais les 23 athlètes qui se sont particulièrement distingués lors de ces Jeux de Pyeongchang.

Alors, il y a là une pratique républicaine très réglée, même si cette année, nous avons eu deux dérogations accordées, au regard du caractère exceptionnel des résultats de nos deux porte-drapeaux. Mais dans votre cas, je crains que cette règle méritocratique ne soit un peu rigide. Car tout olympien en réalité mériterait d'être distingué par la Nation.

Alors, cette année, pour la première fois d'ailleurs, nous allons également distinguer les guides et avec les accompagnés, les accompagnants. Je crois que ça traduit magnifiquement ce qui est d'abord l'esprit de l'olympisme et ce que nous avons décidé collectivement de faire, y compris pour les Jeux olympiques que nous avons à organiser.

C’est de se dire que c'est un collectif – vous l'avez très bien rappelé – et que ces réussites ne sont jamais individuelles. Certaines et certains d'entre vous ont gagné dans des épreuves collectives, mais à chaque fois derrière, toujours, ce sont des collectifs humains.

Pour certains d'entre vous, c'était les quatrièmes Jeux. Pour d'autres, les premiers et même ceux parmi vous qui n'ont pas été médaillés ramènent en France une expérience, un témoignage, dont le pays tout entier bénéficie.

Dans le pays, vos fédérations, dans vos régions, auprès des jeunes, pour vos sponsors, pour le sport français, vous êtes d'ores et déjà entrés dans la légende. Car, on n'est pas olympien par hasard.

Vous allez reprendre l'entraînement, préparer la suite, certains vont peut-être évoluer, mais tous, vous resterez à vie – plusieurs dans cette salle le savent bien, n’est-ce pas, Madame la Ministre – que vous aurez à porter cette charge d'émotion que les Français ont eu à vivre et vous resterez des références pour toutes celles et ceux que vous croiserez durant votre vie.

Chacun de vous, dans la singularité de son parcours, a désormais un trésor à partager, celui d'une discipline, d'une éthique, d'une exigence. Pour les athlètes des Jeux paralympiques, s'ajoutent sans doute une leçon d'espérance et une victoire sur la vie.

J’inclus à ce titre tous ceux qui ont permis que cela advienne. Depuis votre plus jeune âge, en particulier les clubs amateurs, ces éducateurs qui vous ont accueillis quand vous étiez très jeunes, ces associations sportives locales – certaines sont d'ailleurs représentées ici – dans toutes les villes, dans tous les villages, tous ces bénévoles qui ont donné de leur temps, ces entreprises aussi du Pacte de performance qui vous soutiennent et toutes les entreprises partenaires, que je veux remercier, qui ont accompagné vos performances, les ministères, notamment celui des Armées – merci, Mon Général, d'être présent parmi nous – qui emploient certains d'entre vous, les ministères – merci, Mesdames les Ministres, d'être là et de porter la vocation de vos services et de tous les engagés de vos ministères, mais aussi les familles, les parents, les conjoints, parfois les enfants qui ont cru en vous, peut-être même parfois plus que vous-même.

C’est tout cela qui fait que vous n'avez pas à me remercier, non seulement de vous soutenir depuis le début, mais d'être ici. Parce que ce pourquoi je me bats, c'est un peu de ce que vous avez fait et des exemples de vie que vous représentez. On ne naît pas champion olympique. Ce n’est pas vrai. Alors, il y en a qui sont plus doués que d'autres, on est bien obligé, chacun, de le reconnaître, quiconque a essayé ou fait du ski – ce qui est mon cas – quand il se compare à vous, il faut dire qu'il y a malgré tout une part de talent ou de dispositions naturelles.

Mais il y a un immense travail derrière. Il y a une immense volonté. Il y a un immense engagement. C'est le plus bel exemple que vous puissiez donner au pays, à nos jeunes.

Pour plusieurs d'entre vous, rien n’était écrit. Mais vous l'avez voulu, vos familles, vos régions, vos fédérations, le petit club dans lequel vous avez commencé, des gens qu’on voyait pleurer tout à l'heure, c'est ça notre pays. C'est toujours ce qu'il a fait. Ce sont des histoires d'engagement. Ça, ça n’a pas de prix. La médaille que vous avez eue, la décoration que je vais vous remettre, c'est une reconnaissance de cela.

Mais quand je dis qu’étant olympien, vous portez davantage, n'oubliez jamais qu’étant Françaises et Français, vous portez davantage. En tout cas, c'est ce que je vous demande. Vous portez une part de cette ambition de la Nation, de cette fierté qui n'est pas acquise, mais toujours réinventée, de cet exemple qu'on doit donner aux plus jeunes, de ce qui tient un pays, de ce qui fait qu'un jeune qui pourrait mal tourner, parce qu'il a des beaux exemples, ceux que vous avez donnés, va se dire « c'est à ça que j'ai envie de ressembler ». Il fera l'impossible pour pouvoir suivre cet exemple. Qu’un jeune qui pourrait désespérer, parce qu'il est né en situation de handicap, parce que sa vie n'est pas aussi belle qu'il pourrait s'imaginer, à se dire « j'en ai vu qui ont réussi et pour qui c'est possible ».

Donc, oui, c'est du sport, c'est toujours beaucoup plus que du sport. Mais ça, vous ne pouvez pas l'oublier. Vous n’avez pas le droit de l'oublier. Je vous le demande à chaque instant et c'est ce qui fait que vous êtes là aujourd'hui, c'est ce qui fait que nous sommes ici. Parce que vous avez donné un rayonnement exceptionnel à notre pays, mais aussi à ses valeurs. C’est ce qui fait – nous le savons bien – cher Denis, cher Tony, chère Laura, tout particulièrement dans les batailles que nous avons menées et celles que nous aurons à conduire, c’est ce qui fait que la famille du sport français a besoin de plus d'autonomie, de plus de moyens, de plus de reconnaissance – j'y veillerai, rassurez-vous – c'est ce qui fait que j'ai besoin de l'engagement de toutes et tous.

Donc, non seulement on est là, on vous fête, mais on continuera à être là. Parce que vous portez une part du rêve français. Parce que notre pays en a besoin. Parce que cela inspire formidablement notre jeunesse et plus largement notre pays.

Alors bravo à vous ! Merci ! Surtout, nous continuons.

 

 

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